11 novembre 2012
Tout d’abord, les 15 ans sont le temps pour les RIDM de prendre acte et de demander à des artistes ou cinéastes de proposer des films à découvrir ou revoir. La France qui se lève tôt de Hugo Chesnard, choisi par Agnès Varda, tourné en 2011 à partir d’un cas spécifique, celui de Souleymane Bagayogo, s’inscrit dans le mouvement pour l’intégration des travailleurs immigrés clandestinement et ce par les moyens de la comédie musicale à la Jacques Demy même si les chansons ont beaucoup moins de portée que ses illustres ancêtres comme West Side Story ou Remember My Forgotten Man de Gold Diggers of 1933.
>> Luc Chaput
Le cinéaste brésilien Eduardo Coutinho, dans Songs (As canções), met en scène, avec un simple dispositif, une chaise sur une scène devant laquelle, hors-champ, se tient le réalisateur interrogeant des compatriotes qui viennent chanter a cappella une chanson qui les a marqués puis en expliquent le pourquoi. Dix-huit portraits, différents par le bagout ou la timidité des interviewés, réussissent à nous faire partager de manière simplement efficace et touchante la vie quelquefois mouvementée de ces inconnus tels Dea, jeune encore à 82 ans. La cinéaste japonaise Naomi Kawase a choisi quant à elle Reminiscences of a Journey to Lithuania où Jonas Mekas prend l’occasion d’un retour dans son pays natal pour montrer, en de courtes séquences, tout d’abord les autres personnes déplacées et émigrées comme lui aux États-Unis. La visite à sa mère dans son village d’origine lui permet d’enregistrer des chansons dans sa langue maternelle qui évoquent d’une autre manière cette enfance perdue. Des extraits de musique classique surgissent de ci de là spécialement lors de la rencontre avec son ami le cinéaste Peter Kubelka à Vienne. Mekas, par petites touches, a réussi une œuvre éminemment personnelle, autobiographique qui sert de porte d’entrée pour un voyage dans le temps dans une république soviétique où il faisait semble-t-il bon vivre pour certains tout au moins en 1971. Philippe Falardeau a choisi un épisode marquant de la télésérie documentaire belge StripTease Une délégation de très haut niveau de Philippe Dutilleul.
En visite en Corée du Nord en 2000, les parlementaires belges ont droit entre autres au spectacle sur scène à la gloire du grand Kim Il-sung dont une bibliothèque pharaonique contient les éditions des œuvres complètes en de nombreuses langues. Chants patriotiques par des écoliers et orchestre de jeunes continuent aussi d’illustrer l’embrigadement manifeste d’une population. On entend de plus en plus les récriminations de certains membres de la délégation qui se butent aux discours des officiels nord-coréens soutenus par les propos de plus en plus flagorneurs du président de la délégation Willy Burgeon. La diffusion de l’épisode en Belgique en novembre 2000 amena plusieurs sanctions à son égard avec lesquelles on peut facilement être d’accord. La défense de piège employé par Burgeon contre le réalisateur ne tient pas car les délégués, par les regards vers la caméra et certains de leurs propos, sont parfaitement conscients d’être accompagnés par une équipe télé dont ils doivent connaître le style.
Finalement, Caroline Martel fournit avec Le Chant des ondes un moyen de découvrir l’instrument inventé par Maurice Martenot et d’appréhender la place qu’il a eu auprès de tant de musiciens dont certains, disciples directs ou mélomanes conquis, encore aujourd’hui continuent d’en jouer malgré les difficultés inhérentes à l’utilisation de ces instruments tous uniques car produits artisanalement. On peut pourtant être étonné de l’absence de Maurice Jarre dans la série des compositeurs cités puisque sa musique pour Lawrence of Arabia entre autres donnait une place importante à l’invention de Martenot. Un très beau site Internet http://artifactproductions.ca/lechantdesondes/ permettra à plusieurs de continuer leur exploration de ce monde Martenot.
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