LE RISQUE COMPLEXE DE L’UNIFORMITÉ

Il est difficile de classifier ce genre de spectacle puisqu’il touche à tout : théâtre, music-hall, variétés, cirque, acrobaties, ballet. Inutile de se laisser entraîner dans une sorte de réflexion philosophique sur la présence d’une toile de Dalí. Depuis quelques mois nous avons été habitué à passer devant l’affiche du spectacle un peu partout à Montréal. Nous étions intrigués par la multiplicité des disciplines exprimées et surtout par le gros plan d’un Dalí plus grand que nature.

Le résultat, tout en étant satisfaisant, déçoit. Le soir de première, salle comble pour un spectacle annoncé comme hors du commun, nous faisant voyager dans des univers extra-sensoriels qui nous échappent. Et pourtant, malgré l’enthousiasme des concepteurs et des protagonistes, il y a une âme qui manque, une lumière qui n’arrive pas à briller de tous ses feux.

Oui, en effet, les numéros sont magnifiquement exécutés, les solos bouleversants, les duos ou à-plusieurs étincelants, mais la magie n’y est pas. C’est peut-être une question de rythme.

Le premier évoque le sensuel Lucí del varietà (Les Feux du music-hall) du grand Fellini. Par la suite, entre théâtre-bohème, scène de variétés, cirque traditionnel, cirque à la du-Soleil et autres compagnies contemporaines, La verità ne cesse de se réinventer pour justement extraire cette fameuse « verité » difficile à capter. Entre chaque pause, des numéros de clowns fort peu originaux qui penchent parfois du côté de la vulgarité, s’arrêtant par miracle au bon moment.

On songe alors au spectacle de fin d’année des étudiants de l’École nationale du cirque, d’un professionnalisme exemplaire. Côté technique, c’est au point. Tout est sous contrôle. Côté décors, ça brille comme s’il s’agissait du Crazy Horse de Paris, du Lido ou des Folies Bergère. Car le spectacle se veut cela aussi. À force de trop en mettre, on finit par trop y laisser. Et puis, la trame sonore, certes bouleversante par moments, mais répétitive à souhait. Et lorsque le French Cancan vient mettre du nerf au spectacle, c’est déjà la fin.

Quant à la célèbre toile de Dalí, sa présence nous échappe même des heures après la fin du show. Mais ne gâchons pas notre plaisir car pour les grands amateurs de spectacles sur scène, La verità est incontestablement l’une des ces curiosités qu’il faut voir, ne serait-ce que pour avoir la conscience tranquille. >> Élie Castiel
COTE : ★★

SPECTACLE MUSICAL MULTIMÉDIA | Conception : Daniele Finzi Pasca – Mise en scène : Daniele Finzi Pasca – Représentations : Jusqu’au 3 février 2013 – Place-des-Arts (Théâtre Maisonneuve).

COTE
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