15 février 2013
Pour la première fois depuis Les Années Déclic (1983), Raymond Depardon tourne l’objectif sur lui et se raconte, images et archives inédites à l’appui. L’occasion au célèbre photographe-documentariste de faire le bilan d’une imposante carrière s’échelonnant sur cinq décennies. Réalisé à deux voix (avec sa compagne Claudine Nougaret, sa preneuse de son attitrée depuis trente ans), son Journal de France est une œuvre à part dans le corpus depardonien, une célébration passionnante – occasionnellement drôle- de l’homme, de l’humaniste et de l’artiste. Sans complaisance ou «lumière flatteuse», aucune… Rencontre
>> Propos recueillis par Sami Gnaba
À notre dernière rencontre, vous disiez vous sentir «obsédé par les actes manqués» de votre vie, qu’ils vous hantaient après coup. Peut-on parler alors de ces chutes de montage inédites exhumées dans Journal de France comme actes manqués?
Les chutes de montage sont la preuve de ces actes manqués qui me hantent. C’était l’idée du film : revenir sur des temps filmés qui avaient été écartés des montages des films, et donc de la mémoire collective…La frustration est aujourd’hui adoucie.
Qu’est-ce que ces images passées provoquent en vous aujourd’hui?
Beaucoup de choses…Elles démontrent que la mémoire est très sélective, qu’on peut oublier et vivre à la fois, le paradoxe… c’est au fond qu’on n’oublie jamais. Ce sont toujours des images dans un coin de votre mémoire.
Avec Journal de France, vous tournez la caméra vers vous – une rare occasion depuis Les Années Déclic. Qu’est ce qu’a pu motiver une telle décision ?
La nécessité de retourner la caméra sur soi pour mieux parler des autres la prochaine fois.
Comment s’est fait le triage de ces images inédites qui chroniquent pas moins de cinq décennies de carrière?
Dans la douleur mais aussi avec Claudine Nougaret, qui est co-réalisatrice et première spectatrice de mes archives de jeunesse…donc forcément avec bonheur.
La grande nouveauté dans votre film, c’est la narration parallèle à laquelle vous participez avec votre conjointe, Claudine Nougaret . Comment s’est passé le processus de l’écriture? Chacun arrivait avec son texte, ou l’écriviez-vous ensemble plutôt…
C’était le deal de départ, j’ai laissé Claudine complètement libre, elle connait mon histoire par cœur.
Entrevue intégrale : À paraître dans Séquences, nº 284 (mai-juin 2013)
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