LE SIMPLE PLAISIR DE DANSER

>> Élie Castiel

L’affiche publicitaire nous donne une idée autre de ce que l’on verra au cours de ce spectacle double axé sur le simple plaisir de danser. Deux chorégraphes diamétralement opposés, l’Israélien Ohad Naharin et Didy Velman, de Hollande, dont on se souviendra du remarquable et sensible Le Petit Prince, mais dont les chorégraphies s’assemblent dans leurs formes symétriques : mouvements spontanés, instinctifs, à la limite de l’improvisation. Mais surtout un goût pour le ludique qui puise ses sources dans le spectacle de cirque, du mime et de la commedia dell’arte.

Les costumes d’Alla Eizenberg dans Danz (Naharin) brillent par leurs couleurs pastel, laissant au chorégraphe le soin de braver les conventions et de créer mille et une variations sur la notion de mouvement. Les différentes partitions musicales, allant de Mikis Theodorakis à Ali Hassan Kuban, en passant par Brian Eno et Pan Sonic, multiplient les formes, imposent des rythmes, tantôt effrénés, parfois sereins et montrent la magnifique diversité chorégraphique de Naharin, son côté multidisciplinaire et sa soif de totale liberté. Les puristes devront s’ajuster. Les autres, surtout les plus jeunes, jubilent.

Côté Veldman, le rythme se fait plus doux. Elle propose Toot, ballet engagé du point de vue chorégraphique, s’ajustant merveilleusement bien à la musique de Dmitri Chostakovitch, dont la Suite Jazz nº 2 imprègne la scène et les danseurs avec un sens inné et majestueux de la répartie. Les costumes de Miriam Buether sortent de l’ordinaire, ouvrent grand la porte à la différence. Mais ce sont les décors, dépouillés et agités à la fois qui rendent cette aventure du rapport à l’autre aussi essentielle que distrayante.

Et entre Naharin et Veldman, des signes évidents de complicité partagée, confirmant le côté moderniste de leurs chorégaphies. Et pour les Grands Ballets, une autre soirée réussie. (★★★)

COTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

DANZ | Chor. : Ohad Naharin | Musique : Mikis Theodorakis, Brian Eno, Maxim Warrat, Antonio Vivaldi, Ali Hassan Kuban, Roberto Pregadio, Pan Sonic, Hard Rock Café Surf, Beethoven – Costumes : Alla Eizenbeg – Éclairages : Avi Yona Bueno (Bambi)
TOOT | Chor. : Didy Veldman | Musique : Dmitri Chostakovitch –  Décors/ Costumes : Miriam Buether – Éclairages : Marc Parent
Danseurs (pour les deux chorégraphies) : Émilie Durville, Mahomi Endoh, Emma Garau Cima, Valentine Legat, ainsi que des danseurs du Corps de ballet des Grands Ballets Canadiens | Durée : Environ 1 h 45 (incluant 1 entracte) | Prochaines représentations : Jusqu’au 23 mars 2013, à 20 h – Théâtre Maisonneuve (Place des Arts).