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Sherlock Holmes

17 mai 2013

COMME DANS LES FILMS DE LA HAMMER

Londres (Grande-Bretagne), fin du 19e siècle. Lord Neville est porté disparu. Scotland Yard demande au célèbre détective Sherlock Holmes de mener l’enquête. Il accepte, mais il le fera seulement à sa façon.

>> Élie Castiel

Pour Greg Kramer (1962-2013), disparu trop tôt, la veille de la première au Segal, l’adaptation de l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle était une occasion en or de défier les règles du langage, de s’approprier les mots, de faire sien le rythme des réparties. Le résultat est probant.

Il faut néanmoins connaître la langue de Shakespeare à fond pour juger des subtilités des paroles émises, de l’humour cynique et parfois vitriolique qui se dégage de l’ensemble. Entre les personnages, une course contre la montre qui oblige le metteur en scène, très efficace Andrew Shaver, à concocter un environnement scénique proche du cinématographe ; il est question du film muet, de vaudeville, des tabloïds à sensation, de mime, du théâtre comique et même des films de la Hammer, dans leurs rares moments d’humour.

Des échafaudages en forme d’escalier servent, entre autres, de décors presque surréalistes où les protagonistes se démènent tambour battant dans un œuvre axée, en plus de la parole, sur le mouvement, la gestuelle, le rapport au corps.  Entre les nombreux protagonistes, les échanges se font selon une structure dramaturgique et parfaitement orchestrée. Le timing est juste, efficace, évitant les temps morts. Les costumes créés par James Lavoie brillent par leur originalité. On pourrait en dire autant de sa conception des décors qui justifie ces clins d’œil à des disciplines autres que le théâtre.

Et puis les comédiens, à l’aise dans des rôles taillés sur mesure. Et bien entendu, le montréalais Jay Baruchel, la vedette du show, plus convaincant dans la deuxième partie. Habitué au cinéma, il joue la carte difficile du naturel pour charmer l’auditoire dans sa première présence sur scène. Plus fonceur que comédien, il invente une nouvelle façon de communiquer avec l’espace en lui procurant une bouffée d’air frais, notamment en investissant son corps et en négociant intelligemment avec le geste et l’expression. Chose rare au théâtre. C’est dans ces instants privilégiés que l’intrigue respire aisément pour en fin de compte révéler ses mystères en les conduisant vers une finale tout à fait emballante et réussie. ( ★★★ )

COMÉDIE DRAMATIQUE | Auteur : Greg Kramer, d’après les écrits de Sir Arthur Conan Doyle – Mise en scène : Andrew Shaver – Décors : James Lavoie – Éclairages : Luc Prairie – Costumes : James Lavoie  – Comédiens : Jay Baruchel (Sherlock Holmes), Karl Graboshas (Dr. John Watson), Deena Aziz (Orchid), Chip Chuipka (Cuthbertson), Patrick Costello (Inspecteur Lestrade), ainsi que Graham Cuthbertson, Matthew Gagnon, Kyle Gatehouse, Mary Harvey, Gemma James-Smith, Trent Pardy, Gab Desmond  | Durée : 2 h 30 (1 entracte)  – Représentations : Jusqu’au 26 mai 2013 – Centre Segal .

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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