3 octobre 2013
L’étonnant esprit musical de Thomas Fats Waller traverse la scène intime du Centre Segal, entraînant avec lui cinq chanteurs-danseurs, dont trois femmes et deux hommes qui lui rendent un hommage saisissant. Aucun fil narratif ne vient pertuber cette revue musicale haute en couleur, qu’il s’agisse du décor de Jean-Claude Olivier, à la fois sobre et pertinent, ou des costumes de Karen Pearce, magnifiquement inspirée par l’époque.
Et bien entendu, les chansons que nous connaissons, du moins par ceux d’une certaine génération : Ain’t Misbehavin’, Honeysuckle Rose, The Joint is Jumpin’, I Can’t Give You Anything but Love, véritables hymnes à l’amour, sans message social ni politique, simplement une façon de s’identifier affectivement à l’autre. Les voix, en solo, ou concordantes, s’avèrent aussi sensuelles qu’émouvantes.
Il y a Kim Richardson, puissante, manipulant à merveille différents registres de la voix. La somptueuse Toya Alexis, digne, désinvolte et délicate à la fois. Michael-Lamont Lytle bouge avec discrétion sans oublier dans le même temps ce que les paroles de telle ou telle chanson dictent. On se souviendra de la délicate et jeune Aiza Ntibarikure ; Elle parvient quasiment à voler la vedette, mais se retient par respect aux autres. Et puis Jonathan Emile dans un solo chanté/dansé empreint d’une sensualité charnelle époustouflante, prouvant une fois pour toutes que le corps masculin peut aussi s’érotiser sans gêne.
Et c’est sans doute la mise en scène de Roger Pearce qui permet cette liberté, ce rapport au corps, cet art de la gestuelle et le lien avec le public de s’affirmer. L’ensemble de la production est en parfait accord avec la chanson de Fats Waller donnant le titre à cette revue musicale enlevée. En effet, Ain’t Misbehavin’ est un spectacle coloré, sexy, dynamique, surprenant par les sous-entendus des chansons, libre dans les gestes et les mouvements et bénéficiant de voix farouchement convaincantes. Beau début de la saison théâtrale au Segal.
REVUE MUSICALE | Concepteurs : Richard Maltby Jr., Murray Horwitz – Mise en scène : Roger Peace – Musique : Thomas Fats Waller – Décors : Jean-Claude Olivier – Éclairages : Peter Spyke Lyne – Costumes : Karen Pearce – Conception sonore : Jean-Michel Ouimet – Chanteurs/Danseurs : Kim Richardson, Toya Alexis, Michael-Lamont Lytle, Jonathan Emile, Azia Ntibarikure, ainsi que les musiciens Chris Barillaro, Parket Bert, Mike De Masi, James Rhodes, Jason Stillman – Durée : 1 h 45 (incluant 1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 20 octobre 2013 – Centre Segal (Grande Salle)
COTE
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