18 octobre 2013
Résumé
Un lac dans la nature. Des hommes errent et draguent dans le simple but d’assouvir leurs pulsions sexuelles. Franck, un des habitués, aperçoit Michel. Un rapport ambigu s’établit entre eux. Mais le soir venu, Franck assiste au meurtre d’un des hommes. L’assassin est Michel.
PRIX DE LA MISE EN SCÈNE ET PRIX FIPRESCI « UN CERTAIN REGARD » – FESTIVAL DE CANNES 2013
En quelques mots
★★★★
Déjà, avec Le Roi de l’évasion (2009), le français Alain Guiraudie abordait les thèmes de la solitude et de la sexualité avec une approche singulière. Avec L’Inconnu du lac, il poursuit avec ces mêmes motifs narratifs en leur attribuant une signification encore plus résonnante. La nature extrovertie, sauvage, spontanée et sans retenue, avec tous ses sons, ses bruits, ses crissements et grésillements contribue à donner aux scènes sexuellement explicites une connotation subliminale, presque irréelle. Ici, le sexe anonyme n’est plus du domaine du voyeurisme, mais plutôt d’un conscient assumé, d’un acte revendicateur, à la limite presque politique. Le non lieu dangereux, le huis clos inquiétant et la solitude incontournable défient tous ces corps nus masculins qui, paradoxalement, convoquent le danger et l’interdit pour mieux jouir du plaisir. Car L’Inconnu du lac, qui rappelle l’univers d’un Jean Genet, montre ces charpentes humaines dans une mise en scène chorégraphique menée par une symphonie de gestes, d’expressions cachées, de paroles sourdes et d’intentions désirées.
Aucune musique, seul le bruit de l’agitation, voire même de l’excitation de l’eau, permet un rapport séduisant et érotisant entre la nature et l’homme. Le seul lien avec la réalité est ravivé par l’enquête autour d’un crime qui n’arrête en rien les habitués du lieu. C’est dans cet amalgame de fiction minimaliste et de suspense que L’Inconnu du lac tire sa grande originalité. Les acteurs, tous impeccables, assument leur nudité avec grâce et naturel. Dans un rôle exigeant plein de nuances, Patrick D’Assumçao compose un personnage touchant, un lien émouvant et sincère avec l’ailleurs, témoin de ce qui se passe autour de lui. Même si le film a été conçu pour un grand public adulte (averti et ouvert d’esprit), il s’inscrit néanmoins dans la mouvance du queer cinema, caractéristique que la majorité des critiques rejetterons injustement. Car, justement, le réalisateur déconstruit le genre en lui attribuant de nouvelles voies narratives et de mise en scène faite ici de contrastes tourbillonnants, de génie modeste et accompli et d’un sens magnétique de l’économie. Avec L’Inconnu du lac, Alain Guiraudie nous offre l’une des promesses les plus lumineuses du cinéma français. >> Élie Castiel
DRAME | Origine : France – Année : 2013 – Durée : 1 h 37 – Réal. : Alain Guiraudie – Int. : Pierre Deladonchamps, Christophe Paou, Patrick d’Assumçao, Jérôme Chappatte, Mathieu Vervisch, Gilbert Traina – Dist. / Contact : Axia | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc – Cineplex – Excentris
MISE AUX POINTS
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