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Seeds

4 novembre 2013

LES SEMENCES DE LA COLÈRE

Au Saskatchewan, Percy Schmeiser, un fermier, a travaillé toute sa vie. Proche de la retraite, la multinationale Mosanto  poursuit en justice l’homme de 70 ans pour avoir semer du canola, porteur d’un gène dont elle détient le brevet. Une bataille s’ensuit. Elle ne finira que quatre ans plus tard.

>> Élie Castiel

★★★

Le fil narratif créé par Annabel Soutar regorge d’idées scientiques prises à travers des entrevues terre-à-terre avec les différent intervenants, des écrits médiatiques et des retranscriptions de procès en rapport avec l’affaire Percy Schmeiser. Si d’une part cette proposition aussi sociale que politique est fortement louable, poussant le spectateur à une réflexion aussi profonde que personnelle sur les fondements mêmes de l’éthique et de la morale, de l’autre, par contre, la grande partie des dialogues se perd dans un langage scientifique ou légal, privilège des experts en la matière. Pour le commun des mortels, ces paroles qui opèrent selon les lois de la rhétorique technique et de la justice, l’obligent à une transformation de sa capacité à capter tout ce qui se passe, ou plutôt se dit.

Il s’agit comme l’indique son auteur, d’un nouveau genre théâtral, le théâtre-documentaire. À l’instar du cinéma, où les images en mouvement nous donnent à comprendre sur le ou les sujets abordés, le théâtre doit se construire un décor particulier, une mise en scène adéquate, un ryhtme soutenu et approprié qui pourraient procurer un certain sens au tout.

Dans le cas de Chris Abraham, metteur en scène inspiré, sa structure scénique convoque l’espace dans toute son horizontalité, ajoutant un décor où vie privée, salle d’audience et laboratoire scientifique se juxtaposent les uns aux autres pour se transformer en entité surréelle où il privilégie, comme au cinéma, la mise en abyme. De ces paradoxes ou mieux encore parallélismes, naît un rapport de force entre le jeu théâtral et les spectateurs. Dès le début, ces derniers sont rassurés qu’ils verront une pièce qui les concernent car elle fait référence à la vie. Sur ce point, Alex Ivanovici, efficace, s’adresse à l’un d’eux au tout début, à partir d’une des rangées, lui demandant sa définition du mot « vie ».

Dès ce moment, nos sens commencent à s’habituer à quelque chose qu’on n’a pas l’habitude de voir. Comment mettre en scène un discours sur l’environnement, sur les dangers des OGM, sur les luttes entre agriculteurs et multinationales, sur la course éperdue du profit et surtout, sur la peur que provoquent les plus puissants de ce monde ?

La réponse n’est peut-être pas claire,  mais nous sortons de là prêts à affronter les zones d’ombre de cette bataille juridique où Mosanto s’en est tiré selon ses principes, mais perdant ainsi la confiance du public. Et pour tous les comédiens, Eric Peterson en tête, une aventure qui leur permet de manifester tout leur talent.

THÉÂTRE DOCUMENTAIRE DRAMATIQUE | Auteur : Annabel Soutar – Mise en scène : Chris Abraham – Décors/Costumes : Julie Fox – Éclairages : Anna Cappelluto – Son/Musique : Richard Feren – Comédiens : Eric Peterson (Percy Schmeiser), ainsi que dans différents rôles, Christine Beaulieu, Bruce Dinsmore, Mariah Inger, Alex Ivanovici, Tanja Jacobds, Cary Lawrence, Liisa Repo-Martell | Durée : 2 h 30 (incluant 1 entracte)  – Représentations : Jusqu’au 24 novembre 2013 – Centaur .

COTE
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES

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