16 novembre 2013
Après une tourné mondiale, le spectacle Cirkopolis est finalement présenté à Montréal devant une salle comble, impatiente et enthousiaste. En ce qui nous concerne, c’est la première fois que nous assistons à un spectacle de cette troupe. À suivre sans contredit. Les tableaux, aux tonalités grises rappellent à s’y méprendre Modern Times (Les Temps modernes), le chef-d’œuvre incandescent de Charles Chaplin, et l’incontournable Métropolis de Fritz Lang. Les costumes suivent la même logique chromatique, visant à rendre l’urbanité tentaculaire, explosive, hallucinante et aliénante. Les chorégraphies acrobatiques de groupe rendent cette atmosphère futuriste encore plus inquiétante.
Effectivement, il y a une sorte de personnage principal qui tente de faire face aux multiples complexités de la grande ville, essayant de se frayer un chemin ou ne serait-ce qu’un passage vers un ailleurs plus serein, un horizon offrant des promesses de futur. Ces moments sont les plus forts du spectacle. Seule lueur devant tous ces personnages prisonniers de leur solitude et de leurs égarements, la jeune femme en robe rouge éclatant qui, lorsqu’elle reproduit les gestes évoqués dans l’affiche du spectacle, suscite un tonnerre d’applaudissements dans la salle. L’émotion est palpable et on sent chez les spectateurs une complicité idoine, sincère.
L’urbanité est représentée comme une créature animale aux multiples appendices que l’homme est en mesure de contrôler à condition de s’y prendre de la bonne façon. Les mouvements des acrobates-danseurs sont didactiques, maîtrisés, accentués, parfois même extrêmes. Les projections sont habilement composées : roues du temps qui tournent sans cesse, gratte-ciel anonymes, rues sans fin où une humanité sans but avancent à pas brusques et incertains, le néant qui ne semble pas donner place au jour.
Mais derrière toute cette grisaille, un espoir, un antidote qui rend la finale du spectacle à la fois ludique, jubilatoire, comme une messe du temps présent où le sacré serait remplacé par l’harmonieux et la foi en l’humanité. L’accalmie reprend enfin son souffle et ses droits, et Cirkopolis atteint le but qu’il s’était fixé. Quant aux participants, ils sont tous synonyme de plaisir de bouger, bravoure, courage, détermination et d’un remarquable sens inné du spectacle. Malgré un humour parfois excessif, métaphoriquement parlant, ce récit des temps modernes a recours à la poésie et à l’humanisme triomphant pour faire passer son message.
Représentations : Jusqu’au 30 novembre, ainsi que des supplémentaires le 6 et le 7 décembre 2013, au Théâtre Maisonneuve (Place des Arts)
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.