21 février 2014
En quelques mots
★★★
L’un des facteurs qui rend le nouveau long métrage de Hany Abu-Assad élogieux demeure ce refus de militantisme arbitraire malgré qu’il s’agisse d’une production essentiellement palestinienne. Après le très sensible Le Mariage de Rana, un jour ordinaire à Jérusalem (2002) et la courageux Paradise Now (2005), Abu-Assad ne fait que poursuivre sa démarche politique en créant une variation de son thème de prédilection : comment vivre sa vie sur fond de tension israélo-palestinienne ? Les territoires occupés restent toujours, et à forte raison, l’arrière-plan à une histoire d’amour qui n’ose pas se manifester à cause de certains interdits, mais aussi à un complot terroriste dont l’unique motivation est celle du manque, manque d’identité, manque d’appartenance, vivre dans un no man’s land.
Mais le réalisateur procède avec tact, optant pour les zones grises, évitant le manichéisme outrancier, ne jugeant ni les uns ni les autres, plaçant autant les palestiniens que les israéliens dans un espace à haute tension prêt à exploser à n’importe quel moment. Néanmoins, le parti pris se révèle parfois évident, comme dans la séquence de torture, crue, violente, sans concessions et celle sourde de l’attaque contre les gardes israéliens, moments presque de silences, rendue aussi puissants par leur apparence naturelle.
Il y a aussi une mise en scène, alerte, jouant le jeu des simulacres et des transformations, des doutes et des certitudes, et aussi un montage, adroit, liant subtilement les contours d’un récit humain hors normes. Pour rendre tout cela possible, Omar bénéficie de la présence d’une brochette de comédiens de grand talent, tous des néophytes, particulièrement Adam Bakri, fils du grand acteur Mohammad Bakri et frère de Salah Bakri, lui aussi pratiquant le même le métier. Sans nécessairement être un très grand film, Omar est un autre exemple prouvant que par le biais du cinéma, la résistance peut aussi prendre des chemins de traverse aussi intransigeants que sincèrement pacifiques. > Élie Castiel
DRAME | Origine : Palestine – Année : 2013 – Durée : 1 h 39 – Réal. : Hany Abu-Assad – Int. : Adam Bakri, Lemm Lubany, Samer Bisharat, Eyad Hourani, Waleed Zuaiter – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions / Classement : Cineplex – Excentris
MISE AUX POINTS
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