En salle

Quai d’Orsay

14 mars 2014

En quelques mots

Texte : Jean-Marie Lanlo
Cote : ★★★

Lorsqu’un ami de Bertrand Tavernier lui fait découvrir la bande dessinée Quai d’Orsay, le réalisateur la lit d’une traite et demande dès le lendemain à son producteur d’en acheter les droits d’adaptation. Il réalise ainsi – à plus de 70 ans – sa première comédie, véritable visite guidée parfaitement documentée dans les coulisses du ministère français des Affaires étrangères de l’ère Dominique de Villepin.

L’adaptation d’une œuvre existante est bien souvent un travail de réappropriation. Avec Quai d’Orsay, Bertrand Tavernier choisit au contraire de coller au plus près à l’œuvre originale. Le réalisateur s’appuie à cet effet régulièrement sur le travail du dessinateur Christophe Blain (également coscénariste du film), dont il transpose quelques idées avec une réussite inégale. Il fait également appel à Abel Lanzac (le scénariste de la BD) pour participer à l’adaptation. Lanzac étant le pseudonyme d’Antonin Baudry, diplomate ayant commencé sa carrière au service de Dominique de Villepin, ce choix se révèle judicieux car il représente une source d’information d’une grande fiabilité. Grâce à l’expérience de Baudry, Quai d’Orsay peut suivre un fil narratif passionnant, la genèse d’un discours exemplaire1, reposant lui-même sur plusieurs assises solides. D’une part, le regard amusé que porte le scénariste sur le jeune diplomate en charge du « langage », qu’il a été dix ans plus tôt, donne à ce récit d’apprentissage un ton savoureux. D’autre part, l’expérience de Baudry aide probablement Tavernier à rester crédible dans sa description pourtant saugrenue et volontairement caricaturale du fonctionnement du ministère français des Affaires étrangères de l’ère Dominique de Villepin.

Le réalisateur a de surcroît la bonne idée de ne pas simplifier tous les éléments en sa possession sous prétexte qu’il a opté pour la comédie. Il semble au contraire vouloir démontrer qu’en politique, comme dans la vie, les choses sont rarement aussi simples qu’on pourrait le croire. La personnalité du ministre Alexandre Taillard de Worms (Thierry Lhermitte) en est une parfaite illustration, parmi tant d’autres ! Il est égocentrique, brasse de l’air et semble si incontrôlable qu’on peut facilement voir en lui une source de danger potentiel.

1 Le discours prononcé par le ministre à la fin du film n’est autre que celui prononcé à l’ONU en février 2003 par Dominique de Villepin contre l’intervention militaire en Irak.

Critique complète: (Séquences, nº 289, p. 55)

Sortie : Vendredi 14 mars 2014
V.o. : Français

SATIRE POLITIQUE  | Origine : France – Année : 2013 – Durée : 1 h 54  – Réal. : Bertrand Tavernier – Int. : Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup, Jane Birkin, Julie Gayet, Anaïs Demoustier, Thierry Frémont, Thomas Chabrol – Dist. / Contact : Axia | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Excentris

Mise aux points

★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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