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Commedia

16 mars 2014

ADIEU VENISE… ADIEU

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★ ½

Librement inspirée de la vie et des écrits de (Carlo Osvaldo) Goldoni, la pièce de Pierre Yves Lemieux s’inscrit dans une mise en abyme binaire. D’une part celle d’un auteur d’aujourd’hui face à un dramaturge italien du 18e siècle ; de l’autre, l’assimilation assez surprenante de Commedia au style, aux tonalités, aux gestes et aux situation d’une époque déterminée.

Il y a d’abord un cadre, un espace théâtral que les décors d’Olivier Landreville mettent en perspective à coups d’imagination. L’idée de deux sous-scènes, l’une à gauche, l’autre à droite suggère le côté dualiste du projet. L’une face à l’autre, elle sont ouvertes pour ainsi dire à toutes les possibilités narratives. Car tout au long de Commedia, les intrigues ne cessent de se multiplier, en accord avec la vie (amoureuse et professionnelle) plutôt tumultueuse de Goldoni.

Mais il y a aussi une mise scène. Luce Pelletier s’éclate avec un bonheur contagieux, utilise l’espace qui lui ait accordé comme s’il s’agissait d’un univers particulier en état d’édification. Entre les instants dramatiques et ceux plus lyriques, les transitions se suivent avec un sens contrôlé du rythme, permettant aux spectateurs de suivre l’intrigue sans difficulté. Force est aussi de souligner la direction des comédiens, tant dans les dialogues à deux ou plusieurs personnages, mais aussi aux monologues de Goldoni, brillamment conduits par Luc Bourgeois, très convaincant.

Entre lui et son alter ego jeune, qu’on nomme Carlo, son prénom, la différence d’âge et de comportement se manifeste de façon sublime grâce à la liberté de gestes et au phrasé d’un Steve Gagnon en pleine possession des ses moyens. Les autres, Catherine Paquin-Béchard, Marie-Ève Pelletier et Carl Poliquin s’en tirent merveilleusement dans des rôles multiples. Les très courts extraits musicaux de Catherine Gadouas épousent l’époque représentée avec inspirante rigueur. Avec Commedia, Luce Pelletier procède comme s’il s’agissait d’un opéra, avec, excepté bien entendu le côté chant, tous les codes de mise en scène et d’occupation de l’espace.

Production du Théâtre de l’Opsis en partenariat avec le Théâtre Denise-Pelletier, Commedia clôt ludiquement une 50e saison du TDP marquée du sceau de l’originalité.

COMÉDIE DRAMATIQUE | Auteur : Pierre Yves Lemieux, inspirée de la vie et de l’œuvre de Goldoni – Mise en scène : Luce Pelletier – Éclairages : Jocelyn Proulx – Musique : Caterine Gadouas – Décors : Olivier Landreville – Costumes : Julie Breton – Comédiens : Luc Bourgeois (Goldoni), Steve Gagnon (Carlo – Goldoni jeune), Martin Héroux (Giulio, père et Goldoni, et autres rôles), Catherine Paquin-Béchard (Marina et autres rôles), Marie-Ève Pelletier (Margherita, mère de Goldoni, et autres rôles), Carlo Poliquin (Il Genio et autres rôles) | Durée : 2 h 30 (avec 1 entracte)  – Représentations : Jusqu’au 9 avril 2014 – Théâtre Denise Pelletier (Grande Salle).

Cotes

★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi ½ LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES

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