3 avril 2014
En quelques mots
Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★ ½
L’édifiant documentaire de Frank Pavich est avant tout l’incroyable aventure d’un projet avorté racontée en grande partie à la première personne, Alejandro Jodorowski lui-même. Cette approche rend Jodorowsky’s Dune encore plus saisissant. D’une part, nous sommes en présence d’un réalisateur multidisciplinaire, également conteur on ne peut plus extravagant et passionné. Il divulgue les méandres d’un long périple cinématographique dont il reste heureusement un très volumineux ouvrage, storyboard détaillé du premier au dernier plan.
Des ces images immobiles, de nombreux réalisateurs de renom se sont inspirés pour donner vie à des personnages de leurs films. À titre d’exemple, l’excellent David Lynch lorsqu’il a signé son plutôt moyen Dune, en 1984. D’autres exemples nous sont montrés, prouvant jusqu’à quel point nous sommes devant un monde où nos bonnes idées ne restent pas nécessairement notre propriété et qu’elles peuvent errer un peu partout dans en quête de preneurs.
Jodorowski s’adresse au réalisateur avec sérénité, sens de l’humour et le temps venu, se crée un personnage excentrique devant la caméra. Il n’a aucun regret quant à l’échec de son rêve, ramène tout à la notion de spiritualité et se permet un discours élogieux et combien édifiant sur les codes de la mise en scène.
De courts extraits de ses films nous montrent les diverses facettes d’un cinéaste hors du comment qui a toujours refusé le compromis avec l’industrie et le grand public. Le montage habile de Paul Docherty et Alex Ricciardi trace le cheminent d’un metteur en scène extravagant, ludique, accueillant et totalement inspiré par les aspects délirants de notre monde. Quelques cinéastes, dont Nicolas Winding Refn, l’un des plus importants de sa génération, émet quelques mots persuasifs sur le cinéaste chilien et regrette que le projet n’ait pas vu le jour en fin de compte.
Nous sommes donc devant un documentaire qui est en fait un acte de courage grâce à sa démarche interventionniste tout à fait dénuée de discours inutilement démagogique. Les cinéphiles se doivent de découvrir ce document essentiel. À 85 ans, Jodorowski n’a rien perdu de sa verve, nous laissant espérer qu’il réalisera peut-être un nouveau rêve fou.
DOCUMENTAIRE
Origine : États-Unis / France – Année : 2013 – Durée : 1 h 30 – Réal. : Frank Pavich – Dist. / Contact : Métropole| Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc
Mise aux points
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul. ½ (Entre-cotes) — LES COTES REFLÈTENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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