10 avril 2014
Kore-eda a toujours été un cinéaste des frontières, de ces espaces et de ces temps où les démarcations se brouillent. Les démarcations sont d’autant plus intéressantes à dépeindre si le film parle d’un milieu familial, en apparence bien uni, ordonné, réussi. Kore-eda est un cinéaste du « drame familial », principalement de la classe moyenne. Dans Nobody Knows (2004), une famille doit se (re)créer lorsqu’une mère abandonne ses enfants. Souvent, ces démarcations familiales prennent forme dans le contexte de l’étroitesse des logements dans les grandes villes (c’est le cas pour la famille Seiki dans Tel père, tel fils). L’architecture des maisons a toujours joué un grand rôle dans la dramaturgie des films japonais (vrai, aussi bien pour Ozu que Kobayashi). Dans Still Walking (2008), une famille se retrouve pour commémorer la mort tragique du frère aîné décédé quinze ans plus tôt. La maison de cette famille ressemble étrangement à celle de Ryota : une caméra stable met en évidence le trait net du contour des murs des deux appartements. Ces maisons sont grandes et « réconfortantes », image de stabilité, mais un changement peut survenir et il faut changer, s’adapter. Ce que doivent faire aussi bien la famille de Still Walking que celles de Tel père, tel fils. Rien n’a bougé dans la spacieuse maison des parents dans Still Walking; elle est à la fois classique et moderne. La maison de Ryota est celle des objets aux lignes épurées avec des plans où s’exprime la volonté ordonnée, rigide, du père et son désir de perfection.
Texte complet : Séquences (nº 290, p. 46)
[ DRAME FAMILIAL ]
Origine : Japon – Année : 2013 – Durée : 2 h – Réal. : Hirokazu Kore-eda – Int. : Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky, Yako Maki, Keita Ninomiya, Shogen Hwang – Dist./Contact : Métropole | Horaires/Versions /Classement : Beaubien – Cineplex – Excentris
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