26 avril 2014
À Montréal se déroule le 30e festival Vues d’Afrique. Encore une fois, des films et des productions du continent et d’ailleurs viennent rappeler l’importance de ces cultures dans notre histoire et notre quotidien.
Ainsi Tango negro de l’Angolais Dom Pedro revient sur un aspect méconnu de l’histoire musicale de l’Argentine et de l’Uruguay. De nombreux Noirs arrivés comme esclaves ou d’autres façons y vivaient aux 18e et 19e siècles. L’histoire officielle s’est blanchie et l’arrivée massive de l’immigration européenne entre 1850 et 1950 a relégué ce courant dans les bas-côtés. Le pianiste Juan Carlos Caceres, Argentin de Paris, auteur d’études sur le sujet, nous sert de guide, montrant de multiples manières, les liens entre tango congo, candomblé, habanera et tango. Le périple est éparpillé dans le temps et l’espace mais les moments musicaux sont de très haute qualité et cela mènera sûrement plusieurs à réviser leurs notes.
Bientôt à La Haye aux Pays-Bas, devrait commencer le procès au Tribunal pénal international de Laurent Gbagbo. Dans Laurent Gbagbo : despote ou anti-néocolonialiste… Le verbe et le sang, le journaliste camerounais et ancien de la BBC, Saïd Penda, se livre à une enquête aux allures de réquisitoire où il fouille le passé récent de la Côte d’Ivoire pour retracer l’évolution et les contradictions de son président déchu. La mise en images aux allures modernes sert à mettre en valeur des entrevues avec des personnalités venant souvent du côté de la poursuite. Certains aspects comme la gabegie et les barons du cacao auraient pu être mieux cernés. L’anniversaire du génocide rwandais est l’occasion pour une équipe belge de reprendre l’investigation sur l’attentat qui causa la mort du président Habyarimana. Les faits sont présentés de manière limpide avec l’apport de cartes et autres archives par le couple Catherine et Philippe Lorsignol et rend patente à la fin l’exactitude du titre Rwanda, l’enquête manipulée à propos du travail du fameux juge français Bruguière
Plus au nord, l’Éthiopie connaît une embellie économique trente ans après la famine qui amena une réaction d’entraide planétaire dont We are the world est un exemple. Le cinéaste suisse Frédéric Baillif parcourt le pays et montre le lien entre l’aide alimentaire des ONG et les conditions de certains dans Tant qu’il pleut en Amérique. Le réalisateur croque de beaux portraits dans cette exploration d’un pays où rastas de retour de Jamaïque, chrétiens et musulmans vivent dans une harmonie solide, espérons-le.
Séquences critiquera dans les prochains jours sur ce site d’autres documentaires et films de fiction ainsi que le film d’ouverture Aya de Yopougon lorsqu’il sortira en salle.
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