19 juin 2014
En quelques mots
Texte : Patricia Robin
Cote : ★★★ 1/2
Quand on aime les acteurs, le théâtre, la littérature, la finesse des dialogues et la mise en scène efficace, on s’assoit devant La Vénus à la fourrure, le dernier film de Roman Polanski, et on se glisse dans cette audition prolongée que Thomas (Mathieu Amalric) fait passer à Vanda (Emmanuelle Seigner). Ce huis clos, magnifiquement habité par ces deux comédiens français, prend place dans un petit théâtre de Paris, à la fin d’une longue journée d’essais en quête de la Vanda de la pièce. On sent que Polanski s’est fait plaisir à filmer cette adaptation de l’œuvre éponyme de David Ives, elle-même s’inspirant du roman du même titre de Léopold de Sacher-Masoch.
Ce duel de protagonistes devient double alors que le metteur en scène et l’actrice se donnent la réplique en incarnant les personnages et en se positionnant sur leurs motivations, et sur celles de l’auteur. Les aller-retour entre le jeu et la réalité s’effectuent avec une grâce désarmante dans laquelle on se laisse happer avec délectation. Seigner y incarne une Vanda d’une volupté qui lui sied à merveille, tenant sous son charme et son jugement, autant intellectuel que populiste, un Thomas/Amalric subjugué et lumineux. Pour Polanski, l’exercice n’est pas sans rappeler La Jeune Fille et la Mort (1994) dans lequel il dirigeait Sigourney Weaver et Ben Kinsley sur la musique de Schubert.
Ici, la trame musicale a été confiée à Alexandre Desplat, qui a su s’immiscer dans la dynamique troublante de ce couple en mettant l’accent sur certains tableaux où les montées dramatiques ainsi que les glissements de sentiments atteignent un apogée pour retomber ensuite dans la réalité du langage et du regard lucide de la double Vanda. Admirablement servi par une photographie sobre qui laisse toute la place aux acteurs, La Vénus à la fourrure ne place pas Polanski au pinacle de sa carrière; cependant, il nous fait passer un très agréable moment d’intelligence au cœur des mots, du théâtre et du talent indéniable de ses comédiens.
[ DRAME ]
Origine :France / Pologne – Année : 2013 – Durée : 1 h 36 – Réal. : Roman Polanski – Int. : Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric – Dist. / Contact : Séville | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Cineplex – Excentris
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) ★ (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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