31 juillet 2014
En quelques mots
Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★★
Après deux courts métrages, O Retrato de Deus Quando Jovem (1996) et Trópico das Cabras (2007), le Brésilien Fernando Coimbra signe un premier long métrage d’une rigueur exceptionnelle. Inspiré probablement de Fatal Attraction, pour la dynamique perverse du couple adultère, et Garde à vue, pour les flashbacks du huis clos au poste de police et pour les entretiens privés avec l’inspecteur, Le Loup derrière la porte est un parcours cinématographique, à la limite, ethnologique, portrait d’un machisme latino-américain qui ne cesse de se reconstruire, mais par la même occasion, peinture de la femme (hétérosexuelle), certes libérée, affranchie de ses gestes, mais qui porte un regard aussi inquiétant qu’insistant sur l’homme (sa physionomie, son comportement, sa vision de l’amour), sur la sexualité et surtout sur la peur de l’abandon et de la solitude.
Car l’agissement excessif de la protagoniste principale (sensuellement convaincante Leandra Leal) n’est après tout qu’un état d’esprit, une perte de la réalité qu’elle articule avec autant de névrose que d’insatisfaction et peur du rejet. Le mâle est ici l’archétype de latin lover, pas bel homme, mais d’un pouvoir sexuel enivrant. Et ce sont ces caractéristiques socialement inculquées qui anime le personnage de Rosa (Leal), dès sa rencontre, au hasard, avec Bernardo (incarné avec prestance par Milhem Cortaz).
Se détachant de tout contexte sexiste, Coimbra privilégie le réalisme, l’étude du comportement. Sur ce point, il s’agit d’un film sans doute psychanalytique ; et l’attirance des sexes n’est plus une barrière sociale, un frontière interdite, mais au contraire, une acceptation biologique. Le sexe (même en dehors du mariage) n’est plus tabou, mais peut être dangereux lorsque la jalousie est de la partie.
Film farouchement hétéro, Le Loup derrière la porte est photographié et mis en scène dans l’urgence. Cela se voit dans les mouvements de caméra, dans le jeu à la fois désincarné et équivoque des comédiens. Le récit, d’une simplicité qui frôle le mélodrame, se transforme en un discours sur les affres de la passion qui, en fin de compte, confirme la singularité d’un très bon premier film.
Genre : Suspense psychologique | Origine : Brésil – Année : 2012 – Durée : 1 h 41 – Réal. : Fernando Coimbra – Int. : Milhem Cortaz, Leandra Leal, Fabiula Nascimento, Julianno Gazaré, Karine Teles, Paulo Tiefenthaler – Dist. / Contact : A-Z Films | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex – Excentris
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) ★ (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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