En couverture

Paquita

17 octobre 2014

ENTRE LA GRÂCE ET L’ENCHANTEMENT

Élie Castiel
BALLET
★★★★

À l’instar du célèbre Ballet du Bolchoï de Moscou, le Ballet national de l’Opéra de Paris est un incontournable dans le domaine de la danse classique. Le simple fait de prononcer le nom suffit à conquérir un public enthousiaste.

Les Grands Ballets amorcent la saison 2014-2015 avec un classique du 19e siècle, Paquita, œuvre on ne peut plus mélodramatique (évidemment dans sa signification la plus élogieuse) où l’amour échappe aux pièges de la déraison et triomphe grâce aux gestes de la passion.  Un certain cinéma espagnol ou encore mexicain grand public des années 60 s’en était d’ailleurs  inspiré avec des résultats, pour l’époque, surprenants.

Le récit est un simple : Les armées napoléoniennes occupent la province de Saragosse, en Espagne. Une jeune fille de noble famille, Paquita, enlevée par des gitans dans son enfance, sauve d’un complot criminel Lucien d’Hervilly, un jeune officier français. De nombreuses péripéties s’ensuivent jusqu’au dénouement, alors que les coupables sont arrêtés et que Paquita peut épouser le bel officier, après avoir découvert le secret de sa naissance.

Le ballet narratif a ceci de particulier qu’il est difficile de suivre le récit tant la chorégraphie l’emporte sur la narration. Dans ce domaine, Maurice Béjart se surpasse, apportant un fil conducteur entre le geste et la trame argumentative, secret qu’il possédait et qu’il n’a jamais livré. Dans le cas du Ballet de l’Opéra national de Paris, avouons sincèrement qu’il était un peu difficile de suivre, tout ébahis que nous étions par l’impeccable prestance  des danseurs.

En adaptant la chorégraphie de Joseph Maziller signée en 1846 et celle de Marius Petipa en 1881, Pierre Lacotte assume délibérément et avec fierté le classicisme de l’œuvre. Dans un contexte chorégraphique mondial envahi par la danse moderne, il s’agit là d’un acte de courage qui, si l’on en juge par l’accueil réservé lors de la première, se présente comme un succès.

Mais ce qui distingue le Ballet national de l’Opéra de Paris, c’est avant tout la discipline des danseurs : grâce, retenue, raffinement, élégance, simplicité du geste, rapport à l’autre. Mais dans le même temps, un dialogue ave la scène surprenant. Le temps que dure le spectacle, l’espace chorégraphique devient le lieu de tous les possibles.

Les tonalités musicales de Ludwig Minkus et Edouard-Marie-Ernest Deldevez, telles qu’adaptées par David Coleman, voyagent entre une Espagne tendrement exotique et touchante et une universalité occidentale souveraine.

Les pas de deux et les duos nous étonnent par leur précision. Les ensembles, autant masculins que féminins et mixtes brillent par leur souplesse, laissant chez les spectateurs une sensation de plénitude et d’enchantement.

En somme, une première éclatante malgré deux ou trois légers faux pas d’à peine une demie seconde, visibles seulement à l’œil averti et qui sans doute seront corrigés au cours des prochaines représentations.

BALLET EN DEUX ACTES
Chor. : Joseph Maziller, Marius Petipa, adaptée par Pierre Lacotte – Musique : Edouard-Marie-Ernest Deldevez, Ludwig Minkus, adaptée par David Coleman – Dir. musicale : Fayçal Karoui, avec l’Orchestre des Grands Ballets – Décors/Cost. : Luisa Spinatelli – Éclair. : Philippe Albaric – Danseurs : Corps de ballet de l’Opéra national de Paris | Durée : Environ 2 h 10 (incluant 1 entracte) | Prochaines représentations : Jusqu’au 19 octobre 2014 – Place des Arts (Salle Wilfrid-Pelletier)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Passable) (Mauvais) 1/2 (Entre-cotes)

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