23 octobre 2014
Texte : Élie Castiel
Comme ça, sans que nous nous attendions, un mec super sympa (du moins si l’on en juge par son courriel), 23 ans, hyper cool, nous fait parvenir un lien sur son quatrième court métrage espérant que nous le trouvions prometteur. Damien Kazan nous indique que le tournage (en deux jours) a été difficile, qu’il a été financé sur Ulule, avec un montant 1 000 Euros. Je l’ai revu trois fois. Le mec en question a un sens incroyable de l’image et de la rupture de ton.
Ce qui est surprenant chez Kazan, c’est avant tout sa notion du plan, son éthique, ses disparités, les libertés qu’on peut se permettre de réaliser, donc sa flexibilité. Film avec peu de dialogues, le plus souvent indéchiffrables (et tant mieux), In Da Street privilégie les visages, les gestes saccadés, les mouvements rapides, le jeu expressif de l’expérimentation. La fiction est courte, laissant sa place à des plans qui défilent à une vitesse vertigineuse. Adultes, vieux, enfants, ciel, terre… c’est ce qui inspire l’objectif de la caméra.
C’est bordélique, plein de clins d’œil cinéphiliques, mais aussi animé d’un enthousiasme délirant, d’une puissante envie de faire du cinéma. Avant In Da Street, Kazan a tourné trois courts, The Night (2012), Lightful Blackbird (2013), Whisper (2014) et bientôt, on l’espère, Rêver, encore un court. Ces sources, il les puise à partir d’un cinéma américain bercé par les Tarantino, Rodriguez, González Iñárritu (surtout ses premiers films) et autres Dupieux de ce monde.
Il privilégie les mecs tatoués, mauvais garçons, héros urbains. Ces nanas ne sont pas soumises, mais au contraire respirent leur liberté en affichant une féminité à la fois touchante et sensuellement invitante. Sur ce point, les acteurs parlent peu, mais leur présence est électrifiante.
Le cinéma de Damien Kazan demeure manifestement américain et s’inspire essentiellement des codes régis par une nouvelle école de pensée (surtout américaine) qui sait comment se servir d’un certain cinéma de genre et le transformer, comme par miracle, en cinéma d’auteur.
Damien Kazan carbure à un rythme d’enfer impressionnant. Nous sommes convaincus qu’il nous surprendra bientôt avec un premier long métrage.
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