13 novembre 2014
EN QUELQUES MOTS
Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★
À qui le tour la prochaine fois ? À l’animateur politiquement incendiaire Bill Maher sans doute. Toujours est-il que son talentueux confrère Jon Stewart se lance derrière la caméra en relatant les sévices subis par le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, emprisonné en Iran lors des élections de 2009, alors que l’intouchable Mahmoud Ahmadinejad l’emporte (frauduleusement ?) avec 62 % des voix. Côté sujet, le risque est double, d’autant plus qu’il est question de placer en exergue un pays totalement fermé à la liberté d’expression, notamment dans le domaine du journalisme, et qu’il s’agit d’un premier film qui ose s’aventurer dans le discours politique controversé, mais richement documenté.
Ce qui semble avoir poussé Stewart à réaliser Rosewater (dont vous découvrirez, lors de la projection, la véritable signification derrière le titre) est sans aucun doute l’entrevue qu’il avait accordé au réel Bahari à l’un de ses talk-shows. Avouons que ce sur ce point, on sent tout le long de la projection une urgence de tourner et notamment de témoigner. Mais si d’une part la mise en scène établit un certain rythme, essentiel pour le genre, le thriller politique, on remarque cependant certaines ruptures de ton dû principalement à la surutilusation de l’ellipse et d’un certain humour corrosif, interrompant parfois le cours du récit ; comme si le réalisateur avait voulu cacher les imperfections. Certes, Stewart hésite par moments, s’en tire avec quelques séquences chocs, parfois même surprenantes, et compte sur l’engagement de Gabriel García Bernal (très efficace) pour donner vie à un personnage indéniablement cinématographique.
Mais Stewart est-il vraiment à sa place ? Ce va-et-vient entre un cinéma interventionniste et engagé et un goût pour la facilité et le manque de sérieux nous pousse à nous questionner sur ses véritables intentions. Comme verdict, nous lui accordons néanmoins et sans problème le bénéfice du doute, conscient que s’il s’aventure dans l’exercice périlleux de la réalisation, il devra faire preuve de prudence avant de s’engager dans des sujets brûlants.
Genre : Drame biographique | Origine : États-Unis – Année : 2014 – Durée : 1 h 43 – Réal. : Jon Stewart – Int. : Gabriel García Bernal, Shohreh Aghdashloo, Goldshifteh Farahani, Jason Jones, Dimitri Leonidas, Haluk Bilginer – Dist. / Contact : Equinoxe | Horaires / Versions : Cineplex
CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL (Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) ★ (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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