15 janvier 2015
Genre : Drame psychologique | Origine : Suède / France / Norvège – Année : 2014 – Durée : 1 h 55 – Réal. : Ruben Östlund – Int. : Johannes Kulnke, Lisa Loven Kongsli, Clara Wettergren, Kristofer Hivju, Fanni Metelius – Dist. / Contact : EyeSteelFilm | Horaires / Versions : Cinéma du Parc – Excentris
CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL
L’idée de départ peut sembler un peu triviale, voire même tout à fait banale. Pourtant, la réalisation impressionnante de Ruben Östlund fait sortir cette histoire de l’ordinaire et rend avec justesse et couleur la magie du quotidien sinon répétitif d’une semaine de ski dans les Alpes françaises. Force majeure aborde à peu de choses près tout le questionnement existentiel auquel doit faire face un adulte du XXIe siècle, d’autant qu’il cherche à installer une forme de sécurité matérielle dans ses relations humaines et familiales, tout en domptant pour peu qu’il ne s’en rende compte l’animalité qui gronde dans les tréfonds de sa personnalité.
Plusieurs oppositions thématiques permettent l’élaboration structurelle d’une telle approche sur l’absurdité de l’existence : féminin/masculin, maturité/infantilisme, responsabilité/individualté, animalité/humanité… et ces oppositions sont présentées de manière à ce qu’il soit extrêmement difficile de se situer, de prendre position en tant que spectateur dans la discussion qui traverse et structure le film entier. Par l’utilisation d’inserts manifestement inspirés de l’idée deleuzienne de l’image-temps (situation optique pure) – écran blanc, écran noir, plan architectural sur les bâtiments de la station, plan serré sur les rangées infinies de bottes de ski, etc. – Östlund fait parler l’écran sans paroles et parfois sans mouvement, attribuant par cet effet un sens plus profond à sa représentation et, par extension, à la question dont elle se nourrit.
Ce qui déçoit un peu dans cette tranche de vie d’une famille moderne en vacances, c’est la manière dont le conflit est résolu : une espèce de mise en scène invraisemblable qui cherche à faire croire aux enfants (et aux spectateurs) que le père a retrouvé son rôle de protecteur et que la mère (et la famille avec) a finalement été sauvée de la catastrophe. La dernière scène du film vient toutefois sauver la poésie, alors qu’un échantillon de vacanciers se rassemble et prend conscience avec philosophie de l’incohérence de sa réalité. Enfin, le quatrième long-métrage du réalisateur suédois est appréciable pour le génie avec lequel l’image a été traitée (esthétique alpine et grands espaces), ainsi que le jeu irréprochable des six acteurs principaux.
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) ★ (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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