En couverture

Courts métrages aux Oscars 2015

8 février 2015

POINTS DE VUE DIVERS
Texte : Luc Chaput

Depuis plusieurs années, le Cinéma du Parc à Montréal présente, dans le mois précédent la soirée des Oscars, un long programme des courts métrages de fiction et d’animation qui concourent à ces prix.Cette compétition, comme beaucoup d’autres en plus d’apporter une gloire universelle à certains, donne à ces réalisateurs une carte de visite qui leur ouvrira certainement des portes et même des avenues de création.

Parvaneh

Parvaneh

Contrairement à l’an dernier où fut présenté The Lady in Number 6 de Malcolm Clarke, coproduction américano-canadienne, qui gagna l’Oscar du documentaire court, seuls sont présentes les fictions et animations qui sont d’une variété plus étonnante que leurs confrères concurrents longs.

Boogaloo and Graham

Boogaloo and Graham

En fiction, tout d’abord Aya de Oded Binnun et Mihal Brezis, une coproduction franco-sraélienne tourné essentiellement dans une voiture dans un trajet entre l’aéroport et un hôtel à Jérusalem. Les contraintes sont bien assumées et l’interprétation des deux acteurs dont Ulrich Thomsen est de bonne tenue.

Autre duo d’acteurs dans The Phone Call, film britannique de Mat Kirkby. Sally Hawkins, la mère délurée dans Paddington, interprète ici Heather qui a son premier appel important dans un centre d’urgence. L’essentiel du film se passe aussi dans ce seul lieu car Heather essaie de soutirer des renseignements à son interlocuteur, un homme âgé (Jim Broadbent), qui apparaît suicidaire. Le sujet a malhereusement été aussi bien ou mieux traité dans d’autres fictions ou documentaires. L’originalité prime plus dans Boogaloo and Graham de Michael Lennox, où deux garçons Nord-irlandais, sont amenés par leur père à s’occuper de petites poules à Belfast pendant la période pas si éloignée des troubles. Le mélange de fable et de sérieux permet de sentir l’impact d’ opérations militaires dans la vie quotidienne bouleversée des ces simples gens.

Bigger Picture

The Picture Picture

Les deux concurrents les plus sérieux sont Parvaneh de Talkhon Hamzavi and Stefan Eichenberger sur la rencontre improbable entre une réfugiée afghane vivant dans la campagne suisse et une jeune punk de Zurich. Ces deux solitudes sont prestement décrites et leurs liens se construisent avec art. La Lampe au beurre de yak (Lampe) est une docufiction: un photographe au Tibet croque des familles, des couples devant des arrières-plans étonnants. Par moments, dans cette production française, le réalisateur chinois Hu Wei nous fait presque croire à un documentaire par la mise en scène idoine mais certains éléments confirment le côté fictionnel de l’ensemble.

L’ONF a eu, cette année, sa 73e nomination aux Oscars et pour un film de la réalisatrice Torill Kove qui a déjà gagné pour Le Poète danois. Dans ce film autobiographique Me And My Moulton, Kove rend hommage à son père architecte aussi par la limpidté des traits de ses dessins et par l’ironie affectueuse par  laquelle elle décrit la vie d’une famille bourgeoise norvégienne aux parents influencés par la contre-culture et l’écologie. Encore une fois Disney présente un film que certains auront vu en début de programme d’un de leurs longs métrages l’année précédente.

Feast de Patrick Osborneest une virevoltante chronique sur les liens gastronomiques entre un homme et son chiot. Ce chien grandit et le film devient une chronique familiale accélérée du point de vue canin. A Single Life, de Marieke Blaauw, Joris Oprins et Job Roggeveen, emploie une chanson pour le même effet. L’aiguille d’un tourne-disque saute et une femme se trouve projetée dans divers étapes passées ou futures de sa vie ordinaire. Les couleurs sont pimpantes et le procédé peut amener à des réflexions.

Dam Keeper

Dam Keeper

Pour la représentation de deux étapes de la vie dans une animation magistrale, The Dam Keeper et The Bigger Picture ressortent du lot. Dans The Dam Keeper. Robert Kondo et Daisuke ‘Dice’ Tsutsumi construisent un monde foisonnant où un cochonnet doit s’occuper d’un moulin tout en allant à l’école. Il y est mal vu et intimidé par ses collègues enfants. La netteté des traits dans un univers où les couleurs changent au rythme des travaux et des jours souligne la place de ce petit animal considéré sâle qui trouve dans un renardeau nouvel arrivé un ami très cher. Le jeu et le travail s’entortillent tout au long de cette oeuvre étonnante. Daisy Jacobs a peint des immenses toiles incluant les personnages et les décors. Deux frères antagonistes doivent s’occuper de leur mère malade. La forme souligne encore une fois ainsi le côté grandiosement banal de cette histoire. À côté des Birdman, Boyhood, Ida ou Leviathan, il existe d’autres films intriguants, importants et ces programmes de courts sont aussi là pour nous le rappeler.

Lampe

La Lampe au beurre yak

LIEN : http://www.cinemaduparc.com/affiche.php?id=oscarshorts2015#top

 

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.