En salle

Me and Earl and the Dying Girl

18 juin 2015

Me and Earl and the Dying GirlRÉSUMÉ
L’étrange et touchante relation qui unit un jeune homme timide et une étudiante de la même école atteinte de leucémie.

LE CŒUR N’EST PAS
UN CHASSEUR SOLITAIRE

Élie Castiel
CRITIQUE

★★★ ½

La relation qui s’établit entre Rachel Kushner (très solide Olivia Cooke), atteinte de leucémie et Greg Gaines (Thomas Mann, de cette race de nouveaux jeunes comédiens qu’on verrait de plus en plus dans des productions indie) ressemble à quelque chose d’inhabituel, les deux, et surtout lui, faisant face à la mort avec toute l’indifférence du monde. Et pourtant, le scénariste Jesse Andrews se lance pour la première fois dans le cinéma en adaptant son propre roman éponyme avec, en tête, des dialogues complètement adaptés à la mise en scène d’Alfonso Gomez-Rejon, surtout habitué aux téléséries, entre autres, Glee, sans oublier qu’il a débuteé dans le long métrage pour le grand écran avec un film d’horreur, The Town That Dreaded Sundown (2014).

Avec Me and Earl and the Dying Girl, il change de ton, évite le mélodrame larmoyant et se permet une approche plutôt distanciée, tout en n’étant pas clinique. L’émotion se sent à travers un regard, un geste, un silence, un mensonge pieux, plutôt que par une interprétation évidente et appuyée.

L’originalité du film, sa force, son impact sur le spectateur demeure dans le suggéré, quelque chose qui se devine, qui se cache tout en étant présent. Mais le film de Gomez-Rejon va plus loin, laissant le soin aux protagonistes de se créer un univers cinématographique, sorte de palliatif à leur propres doutes. Dans le même temps, il affectionne une façon particulière de filmer une fin de vie.

L’originalité du film, sa force, son impact sur le
spectateur demeure dans le suggéré, quelque
chose qui se devine, qui se cache tout en étant présent.

Le film évoque de façon parodique Truffaut et ses 400 Coups, Hitchcock et Vertigo (Sueurs froides) et même le Bernard Herrmann de Psycho (Psychose). La caméra tourbillone, traverse l’espace et les moments, s’affirment dans les instants les moins probables, s’insèrent dans la psyché des personnages pour mieux saisir leur for intérieur et prend un plaisir évident dans les quelques travellings justifiés. Greg et Earl donnent l’impression qu’ils ne font rien de la journée, sauf filmer quand ça leur convient ou, dans le cas de Greg, rendre visite à Rachel. Fausse impression qui se traduit par une prise de conscience humaine face à la mort annoncée d’un être cher. Le remède : faire sa propre psychothérapie par le biais des images en mouvement.

Et puis, une réalité, une finitude qui se présente sans crier gare. L’émotion dans cette séquences nous rejoint alors, oublions du coup la fausse froideur du film. Comment filmer lorsque l’émotion palpable est au rendez-vous ? L’an dernier, sur le même sujet, nous avons vu le sensible et efficace, mais parfois mélo The Fault in Our Stars (Nos étoiles contraires). Me and Earl and the Dying Girl mérite quelques points de plus pour la simple raison qu’il a ceci de particulier : il prend ses distances avec la mort, que Gomez-Rejon amadoue pour finalement la normaliser et l’accueillir parmi les vivants.

 revuesequences.org
Sortie : Vendredi 19 juin 2015
VO : anglais

Genre : Drame – Origine :  États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 45 – Réal. : Alfonso Gomez-Rejon – Int. : Thomas Mann, Olivia Cooke, R. J. Cyler, Nick Offerman, Jon Berenthal, Molly Shannon – Dist. / Contact : Fox Searchlight.
Horaires : @
Cineplex

CLASSIFICATION
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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