6 août 2015
Il va sans dire que Woody Allen se sent comme un poisson dans l’eau quand il s’agit de tergiverser avec des concepts philosophiques. Sa propension aux épanchements, ses éternels questionnements nous ont offert, par le passé, des morceaux d’anthologie. Chez ce réalisateur prolifique, le conflit se situe bien souvent entre le cœur et la raison; c’est ce qui justifie sans doute la quantité de dialogues livrée de façon débonnaire et naturelle par ses acteurs dans son tout dernier Irrational Man, où la philosophie sert de base pour mettre en scène les tribulations de ses personnages.
Loin d’être soporifiques comme ceux d’un cours magistral, les préceptes du professeur dépressif Abe Lucas (Joaquin Phoenix), qui envoûte Jill (Emma Stone), une jeune étudiante en cours d’été, et séduit Rita (Parker Posey), sa collègue de travail, deviennent la trame sur laquelle il réfléchit en cherchant un sens à son existence. Cependant, par un événement fortuit (arrangé avec le gars des vues), une opportunité de renaître se profile dans son esprit : et si on donnait un coup de pouce au destin? Cette seule idée lui redonne du tonus et le goût de vivre.
De retour aux États-Unis, Woody Allen nous propose une tragi-comédie primesautière bien ficelée, au montage alerte et à la mise en scène dynamique sur les rythmes trépidants du Ramsay Lewis Trio. Ce dernier opus est divertissant, agréable à regarder, sympathique à découvrir sans la profondeur à laquelle on s’attend d’un Allen, ni l’étonnement et la magie d’un Midnight in Paris (2011). La binarité des points de vue en voix hors champ, celles d’Abe et de Jill, nous promène dans les questionnements des deux protagonistes qui s’attirent pour en venir à un point de rupture. L’action se situe tant au niveau des gestes que des réflexions, et c’est dans ce maelström d’idées que s’ingénue Allen à faire progresser l’intrigue. On reconnaît au cinéaste chevronné sa prédilection pour les jeunes actrices chez qui il semble trouver l’inspiration.
Pour une deuxième fois, il dirige Emma Stone (Magic in The Moonlight, 2014). Ses grands yeux en amande sont mis en valeur tout autant que ses longues jambes, généreusement dénudées par ses tenues pâles et virginales à peine diaphanes qu’elle quitte, le temps d’une scène où elle se rend compte de la fatalité pour laquelle elle s’inscrit en faux.
On doit bien se l’avouer, Woody Allen possède le don de raconter une histoire et il le fait depuis plus de cinquante ans avec un style qui lui est propre et que l’on a pu voir évoluer. On le devine à l’écran sous les traits de Joaquin Phoenix, mais on le sent toujours fringant et conscient du monde qui l’entoure, tout en préférant les livres aux ordinateurs. On le retrouve, en tant que spectateur, comme un vieil ami dont on prend des nouvelles, histoire de l’entendre à nouveau nous relater ses dernières lubies.
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 35 – Réal. : Woody Allen – Int. : Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey, Jamie Blacley, Sophie von Haselberg, Betsy Aidmen – Dist. / Contact : Columbia.
Horaires : @ Cineplex – Excentris
CLASSIFICATION
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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