24 septembre 2015
Philippe Petit, en quelque sorte, personnage mythique, héros légendaire, comme dans la mythologie grecque. Dépasser le réel, défendre un certaine idée du danger. Affronter la mort pour mieux l’apprivoiser. Entrer dans l’Histoire en se dépassant.
Le personnage est réel et a fait l’objet d’un documentaire de James Marsh, Man on Wire (2009), Oscar du meilleur documentaire. Six ans plus tard, Robert Zemeckis (Back to the Future et autres succès grand public) choisit la fiction pour raconter une histoire époustouflante, teintée d’un humour pince-sans-rire drôlement efficace, un film spectaculaire, imaginatif, fou, ludique, comme dans un spectacle de foire où l’âge ne compte plus.
En haut de la fameuse Statue de la Liberté, face aux tragiques tours jumelles d’avant un certain 11 septembre, Petit raconte son histoire, de son jeune âge jusqu ‘à l’exploit final, tourné en forme de suspense haletant. Jamais Zemeckis n’aura réussit à maintenir l’attention du spectateur, rivé sur son fauteuil, portant des lunettes 3D qui, pour une fois, sont totalement justifiées.
Cette prouesse technique rend le film encore plus délirant, comme si on était à l’intérieur d’un manège casse-gueule, impraticable, conscient qu’on s’en sortira, mais contemplatif devant les possibilités du danger. L’originalité du film réside dans la manipulation qu’il exerce sur le spectateur. Nous sommes désorientés, séduits, entraînés dans une course folle contre la mort. L’existence, lorsque le rêve commence à se réaliser, ne tient que sur un fil. Métaphore de la vie et de la mort, hommage à l’Homme, à sa présence physique sur terre, à ses nombreux défis.
Mais aussi, et surtout, hommage émouvant aux tours du 11-09, qu’un lever de soleil resplendissant illumine pour nous faire encore croire au bonheur. Cette finale nous laisse la gorge serrée et le cœur gros. Cela ne dure que quelques secondes, puisque nous sortons de la projection changés, ébahis par la beauté du film, touchés par la prestance extraordinaire d’un Joseph Gordon-Levitt totalement investis dans son art. Et nous oublions son accent américain lorsqu’il essaie de parler le français parisien car il le fait avec une telle bonne foi, qu’on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Et ce n’est pas grave si le Paris des années 70 est reconstitué dans le Vieux-Montréal.
À travers une histoire bien réelle, Robert Zemeckis réussit un cinéma du rêve, un film grand public et tout à fait conciliateur. Pour une des rares fois, la critique et les spectateurs mainstream sont au diapason, ne serait-ce que le temps que dure la projection. D’une grande virtuosité et ne cédant devant rien pour plaire.
Genre : Chronique biographique – Origine : États-Unis – Année : 2014 – Durée : 2 h 03 – Réal. : Robert Zemeckis – Int. : Joseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Charlotte Le Bon, James Badge Dale, Ben Schwartz, Steve Valentine – Dist. / Contact : Columbia.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Visa GÉNÉRAL
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