27 septembre 2015
C’est par un hommage à Martin Luther King III, fils du grand leader noir américain et prix Nobel de la paix 1964 que débutera mardi ce 11e FIFBM. On y célébrera donc aussi le cinquantenaire de la marche de Selma par une présentation mercredi du film d’Ava Duvernay sur cet événement symbolique de la reprise en main par les Noirs de leur destin.
C’est pourtant le documentaire Sweet Micky for President sur la campagne de Michel Martelly à la présidence d’Haïti en 2011 qui sera le film d’ouverture. Le réalisateur américain Ben Patterson suit les efforts du musicien américain Pras Michel, membre des Fugees, dans cette opération politique. Le réalisateur capte des images inédites des rencontres entre Martelly et certains de ses supporters à Montréal entre autres et des moments plus étranges. Un rappel de l’histoire mouvementée d’Haïti et de l’importance des sanctions françaises au XIXe siècle aurait du être plus long. Des caractères bien trempés, des déclarations à l’emporte-pièce et des prestations de Martelly, Pras et de Wycleff Jean venu aider son collègue et compatriote, permettent au réalisateur de faire comprendre comment on peut capter l’attention des électeurs dans une campagne aux soubresauts incertains où le terrain est miné pas seulement par le tremblement de terre.
Le festival sera aussi l’occasion de la venue du grand réalisateur malien Souleymane Cissé à l’occasion la présentation d’O Ka (Notre maison). Dédiée à la mémoire d’Andrée Davanture, sa monteuse décédée en juillet 2014 qui le soutint depuis Den muso en 1975, cette chronique de Cissé mélange habilement des images d’anciens tournages (Yeelen) avec l’histoire de la maison familiale à Bozola, un quartier de Bamako, dont ses sœurs avaient perdu l’usage par une décision de justice malheureuse. Un enfant court dans l’ombre et le soleil, une rue est pleine de policiers et de manifestants, une équipe tourne dans les dunes, tous ces fragments sont tissés par la mémoire vive du cinéaste dans une courtepointe où l’on sent vivre une communauté prise dans les remous de l’histoire avec ses joies et ses peines.
Le mouvement des Black Panthers de défense plus militaire des droits de la communauté afro-américaine a vu le jour dans les années 60 dans plusieurs villes. Le réalisateur américain Stanley Nelson nous en dresse un portrait complexe dans The Black Panthers: Vanguard of the Revolution. Il utilise comme à l’habitude dans les documentaires pour le réseau PBS , un montage ingénieux d’entrevues avec des témoins et des historiens et des archives télévisuelles et auditives. Il explique comment une campagne de désinformation et de création de dissensions a été mise sur pied par le FBI pour contrer tous ces mouvements contestataires américains. Ceux-ci fleurissaient alors dans ce pays travaillé par la contre-culture et divisé par la guerre du Vietnam. Ce film fait donc œuvre plus qu’utile en montrant également ce qui peut se passer en plus dans n’importe quelle organisation qui grandit trop vite et où sévit un culte de la personnalité.
Parmi les autres œuvres montrées dans cette édition, Breathe Umphefumlo de Mark Dornford-May, l’adaptation de La Bohème de Puccini dans les townships sud-africains mérite évidemment le détour comme l’a signalé notre consœur Anne-Christine Loranger dans une critique (Séquences, nº 296, p. 30) lors de son passage au dernier festival de Berlin.
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