En salle

Coming Home

1er octobre 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Après la révolution culturelle, Lu Yanshi, prisonnier politique, est libéré. De retour chez lui, il constate que sa femme ne le reconnait plus.

Coming Home

UNE SI LONGUE ABSENCE

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★ ½

L’adaptation du roman de Yan Geling, Le Criminel Lu Yanshi, par Zhang Yimou (entre autres, Épouses et Concubines) évoque Une aussi longue absence1, la beau et poétique [mélo]drame d’Henri Colpi, Palme d’Or (ex aequo avec le sublime Viridiana, de Luis Buñuel) à Cannes en 1961. Si dans le Colpi, le mari est atteint d’une certaine forme d’amnésie, dans le Yimou, c’est plutôt la femme. N’ayant pas lu le roman, je ne puis affirmer si la transposition est totale ; ce qui n’empêche pas de souligner qu’en cadrant essentiellement son récit sur la difficulté de rapprochement entre une femme et son mari qu’elle ne reconnaît plus à sa libération suivant la fin de la Révolution culturelle (maoiste) en Chine, le cinéaste affirme son parti pris pour une réalisation intimiste, portée sur les personnages, les filmant parfois en gros plan comme pour s’incruster en leur for intérieur. Et plus que tout, donner un nouveau souffle à l’individu de l’époque, en contrepartie avec le collectif.

Zhang Yimou continue son travail d’esthète
consciencieux et particulièrement de témoin lucide
aux turpitudes politiques de son pays.

L’esthétique du film change pour ainsi dire, pour mieux signifier ce que nous croyons être une pause dans le cinéma de Yimou : éclairages discrets, caméra recueillie, mise en scène simplifiée, frôlant le minimalisme académique, sans fioritures, calquée selon les codes d’un cinéma à la limite du freudien.

Si l’oppression de ces années de plomb est subtilement évoquée, donnant lieu à quelques brèves séquences révélatrices, la souffrance des personnages est beaucoup plus proche du spirituel que du réel. Sur ce point, la séquence où le mari en quête de reconnaissence joue du piano fait écho à la scène où le psychanalyste qu’il va consulter évoque la notion subjective du « déjà vu », comme courroie de guérison aux formes lègères d’amnésie.

Rien à reprocher aux interprètes, dont une Gong Li toujours charismatique et lumineusement photogénique. Des réserves ont été émises au sujet de Coming Home. Injustement puisque Zhang Yimou continue son travail d’esthète consciencieux et particulièrement de témoin lucide aux turpitudes politiques de son pays. Humaniste et attachant.

(1) Je remercie mon camarade Luc Chaput de m’avoir fait penser au film de Colpi. Si je reprends en partie le titre du film pour illustrer cette critique, c’est parce qu’il correspond magnifiquement bien avec le thème principal : l’absence de l’autre.

revuesequences.org

Sortie : vendredi 2 octobre 2015
Version originale  : mandarin
S.-t.a.  <  Gui lai

Genre : Drame – Origine : Chine – Année : 2014 – Durée : 1 h 49 – Réal. : Zhang Yimou – Int. : Gong Li, Chen Daoming, Zhang Huiwe, Guo Tao, Yan Ni, Li Chun – Dist. Contact : Métropole.
Horaires : @ Cineplex

CLASSEMENT
En attente

MISE AUX POINTS
[ Les cotes reflètent uniquement l’avis des signataires ]

★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ]

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