En couverture

Funny Girl

21 octobre 2015

COMME UN ANTIDOTE
À LA DÉPRESSION

Élie Castiel
THÉÂTRE
★★★★

Dans la peau et l’esprit de Fanny Brice, la charmante Gabi Esptein procure une sensation de bien-être jubilatoire qui se propage dans la salle principale du Segal, ouvrant la saison 2015-2016 en grande pompe.

Drôle, touchante, merveilleuse, d’un charme irrésistible, proche par moments du film avec la grande et sublime Barbra Streisand, la Funny Girl du Centre Segal restera longtemps dans nos mémoires en ce qui a trait aux spectacles à grands déploiements. Peut-on le nommer ainsi lorsqu’il se déroule à l’intérieur d’un espace scénique restreint ?

Gabi Epstein dans le rôle de Fanny Brice (PHOTO : © Andrée Lanthier)

La réponse se trouve dans la magie qui opère à chaque fois dans ce théâtre, presque de poche. Il suffit d’un peu (ou de beaucoup) d’imagination pour que les metteurs en scène habitués au Segal inventent une et mille trucs pour contourner les obstacles du territoire scénique. Peter Hinton se surpasse, passant d’un univers à l’autre avec une admirable précision. Aucun temps mort, aucun geste redondant, et surtout et avant tout, une complicité réciproque avec les comédiens, tous enthousiasmés par une comédie musicale qui ne vieillit pas et enchante toujours. C’est aussi une question de manipulation des objets, des décors, de mouvements trompe-l’œil.

Et puis, sur le mur au fond de la scène, face au spectateur, un portrait de la vraie Fanny Brice, expressive dans ses yeux à la fois tristes et invitants, nous interpellant comme s’il s’agissait d’une merveilleuse mise en abyme entre le passé et le présent, la vie et le théâtre, la fiction et les multiples résonances la de la représention.

La direction musicale d’Allen Cole assure une belle continuité et une intelligente transition entre les parties parlées et celles chantées. Pour parfaire sa chorégraphie, Dayna Tekatch est tout à fait consciente de ses limites, ce qui ne l’empêche pas de saisir des moments de pur envoûtement. Un grand bravo également à Michael Gianfrancesco pour les décors et les costumes.

Photo d'ensemble

Photo d’ensemble (© Andrée Lanthier)

Travail d’équipe, fête du chant, jeux de chants et de danses, dialogue avec le public par le biais du rapprochement, tous ces ingrédients de mise en scène et en situation parviennent à identifier la vraie nature de Funny Girl. Par les temps qui courent, imbus de mauvaises nouvelles, particulièrement sur la plan politique, le livre d’Isobel Lennart devient, le temps que dure le spectacle, l’antidode idéal contre la dépression devenue vertu et la morosité ambiante. À voir pour vous prouvez à vous-même que la vie, c’est aussi le plaisir de voir et de se sentir heureux, même si une fois le spectacle fini, la réalité reprend son cours.

revuesequences.org

Livret : Isobel Lennart – Mise en scène : Peter Hinton – Éclairages  : Bonnie Beecher – Musique : Jule Styne – Direction musicale : Allen Cole – Paroles : Bob Merrill – Décors / Costumes : Michael Gianfrancesco – Chor. : Dayna Tekatch – Son : Peter Balov – Comédiens  : Gabi Epstein (Fanny Brice), Corrine Koslo (Mrs. Brice), John Ullyatt (Nicky Arnstein), Lorne Kennedy (Florenz Ziegfield), Kyle Golemba (Eddy Ryan) et, entre autres, Eric Bal, Chris Barillaro, Jenni Burke, Michael Challenger, et Nicko Giannakos | Durée : 2 h 40 approx. (incluant 1 entracte)  – Représentations : Jusqu’au 8 novembre 2015 – Centre Segal.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel). ★★★★ (Très Bon). ★★★ (Bon). ★★ (Moyen). (Mauvais). ½Entre-deux-cotes ]

 

 

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.