En salle

Victoria

29 octobre 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Arrivée de Madrid à Berlin, une jeune femme fait la connaissance de quatre amis avec qui elle décide de passer la nuit en boîte. Elle ignore cependant que la soirée va s’avérer aussi inattendue que dangereuse.

Victoria

VOL À HAUTE TENSION

Anne-Christine Loranger
CRITIQUE
★★★  ½

Les deux heures et quatorze minutes de Victoria ont été tournés en une seule prise. Aucune coupe, aucun effet spécial. Le 27 avril 2014, l’équipe commençait le tournage dans un club créé de toute pièce pour le film. Deux heures et quatorze minutes plus tard, après avoir couru, marché, grimpé conduit à travers 22 lieux de tournages contenant plus de 150 extras gérés par six assistants à la réalisation, la jeune actrice espagnole Laia Costa s’éloignait du directeur photo Sturla Brandth Grøvlen, qui mérite une médaille olympique, sinon un Ours, pour son exploit.

Godard avait, avec les onze plans de coupe sur la nuque
de Jean Seberg, fait avancer le cinéma. En faisant exactement
l’inverse avec une actrice aussi jeune et fraîche que
l’héroïne d’À bout de souffle, Sebastian Schipper réussit
lui aussi à dépasser les limites de ce qu’on croyait possible.

S’il est un miracle de logistique, Victoria est également un chef-d’œuvre de naturel. Les sept acteurs qu’on suit durant l’heure d’avant le vol et celle d’après, sont d’un naturel désarmant, jouant, criant, plaisantant, passant du rire à la peur au flirt à la course à la mort. Les dialogues et l’action s’interpénètrent avec une fluidité telle que le spectateur en fini par croire que la vraie vie est sur l’écran et que c’est la salle de cinéma où il se trouve qui est factice.

On pourrait reprocher au film de ne tenir que dans sa longue prise : ce serait oublier le talent des acteurs et celui du directeur photo qui met en valeur tant leurs cavalcades dans les rues de Berlin que les moments de tendresse de leurs échanges. Et tout ce qui arrive entre les deux.

Godard avait, avec les onze plans de coupe sur la nuque de Jean Seberg, fait avancer le cinéma. En faisant exactement l’inverse avec une actrice aussi jeune et fraîche que l’héroïne d’À bout de souffle, Sebastian Schipper réussit lui aussi à dépasser les limites de ce qu’on croyait possible. Et à nous faire expérimenter la tension d’un vol de banque en direct. À bout de souffle, sauce teutonne. Belmondo manque un peu, tout de même…

revuesequences.org

Sortie : vendredi 30 octobre 2015
Version originale : multilingue
S.-t.a. > Victoria

Genre : Drame – Origine : Allemagne – Année : 2015 – Durée : 2 h 18 – Réal. : Sebastian Schipper – Int. : Lia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski, Burak Yigit, Max Mauff, André Hennicke –  Dist. / Contact : Métropole.
Horaires :  Cinéma du Parc

CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES
.

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