5 novembre 2015
De part leurs thèmes, entre autres celui de l’identité, les deux courts sujets de Renée Beaulieu, Qui (2008) et Coupable (2010) annoncent en quelque sorte son premier long métrage Le Garagiste. Un film épuré, intimiste, à la limite absorbé par ses personnages, sereins malgré ce qu’ils ressentent en leur for intérieur, cherchant constamment. Quelque chose d’existentiel qui a à voir avec la vie, les rapports entre individus, l’environnement social, anti-urbain, monolithique même si la nature peut offrir diverses formes de manifestation. Et pour ainsi dire, un film qui confirme le défi de Sartre selon lequel « l’existentialisme est un humanisme ».
La greffe rénale qu’attend Adrien (Normand D’Amour, dans un rôle intérieur d’une exceptionnelle maîtrise) depuis cinq ans finit par se matérialiser. Mais… Cette idée de scénario sert de prétexte à un film sur la foi, non pas la liturgique, celle des divinités, mais celle entourant le rite personnel : se connaître soi-même, découvrir les autres. Et dans le cas d’Adrien, se résigner au pire. Quelque chose ayant rapport au destin.
Du point de vue des critiques, spécialisés et autres, les échos, après sa présentation au tout récent Festival du nouveau cinéma, n’ont pas été particulièrement favorables, du moins parmi les gens que j’ai cotôyés. Ce qui prouve jusqu’à quel point l’accueil d’un film est un exercice tout à fait subjectif qui dépend fondamentalement de notre éducation, de notre vision du monde, de notre rapport à la société et, surtout et avant tout, de notre maturité.
Car c’est de cela qu’il s’agit dans Le garagiste, de cette façon intelligente et courageuse qu’ont les personnages à faire face à l’existence. Les images en cinémascope de Philip St. Gelais manifeste ce rituel individualiste en s’intégrant à eux, sereine, évitant toute forme inquisitrice, prenant parfois ses distances.
Tout compte fait, Renée Beaulieu a réalisé un film singulier, évitant à tout prix les modes récentes en matière de réalisation, sincère, ne comptant que sur son talent. Et du talent, elle en a à revendre.
Genre : Drame – Origine : Canada [Québec] – Année : 2015 – Durée : 1 h 27 – Réal. : Renée Beaulieu – Int. : Norman D’Amour, Pierre-Yves Cardinal, Nathalie Cavezzali, Louise Portal, Michel Dumont – Dist. / Contact : TVA.
Horaires : @ Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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