En couverture

Festival international du cinéma francophone en Acadie

20 décembre 2015

OASIS FILMIQUE

Texte : Guillaume Potvin

Du 12 au 20 novembre 2015 s’est tenu le Festival international de cinéma francophone en Acadie (FICFA). Seul en son genre au Nouveau-Brunswick, ce festival aura su prouver une fois de plus avec cette 29e édition son rôle fondamental dans le rayonnement du cinéma francophone hors des métropoles. Récapitulatif.

MANIF_Elle pis son char

Elle pis son char de Loïc Darses

Les activités du FICFA se sont principalement déroulées entre deux points d’ancrage, soit le Cineplex de Dieppe (ville majoritairement francophone adjacente à Moncton) et le Centre culturel Aberdeen, à deux pas du centre-ville. En une semaine, le Cineplex a accueilli deux douzaines de longs métrages et plus d’une cinquantaine de courts et moyens métrages internationaux. C’est parmi cette programmation restreinte, mais efficace qu’on aura pu voir les derniers couronnés du Festival de Cannes : La Loi du marché de Stéphane Brizé, Dheepan de Jacques Audiard et Le Fils de Saül de László Nemes. En plus de ces incontournables, c’est le meilleur de la cuvée québécoise qu’on aura pu découvrir ; Pinocchio d’André-Line Beauparlant, Les Démons de Philippe Lesage, Les Êtres chers de Anne Émond.

Outre la qualité des films projetés, le public aura pu profiter de l’agencement soigneux de courts métrages en première partie des longs ; par exemple, un des souvenirs les plus marquants du festival, le saisissant Elle pis son char de Loïc Darses présenté avant Le Profil Amina de Sophie Deraspe ou même Le nom que tu portes de Hervé Demers en ouverture de Dheepan. Les échos thématiques qui traversent ces œuvres atteste le travail méticuleux de Marie-Renée Duguay, directrice de la programmation du festival.

MANIF_Le nom que tu portes

Le nom que tu portes de Hervé Demers

En plus de sa programmation traditionnelle, le FICFA propose aussi un Volet Arts médiatiques (VAM). Cette série d’activités parallèles tenue au Centre culturel Aberdeen est le pouls du festival, le lieu de rencontre entre cinéphiles et cinéastes. Les soirées organisées dans le cadre de ce volet sont l’occasion de présenter les résultats des différents laboratoires de création tenus dans les semaines précédentes. Qu’il s’agisse des appels de courts métrages Objectifs obliques (chaque équipe doit respecter un thème pigé au hasard parmi le jeu de cartes Oblique Strategies) ou Acadie Underground (réalisation en 24 heures d’un court tourné en Super 8, avec toutes les contraintes techniques que cela implique et composition de musique pour films de found footage) ou même des Séances Éphémères (où on a présenté l’œuvre créée par les artistes en résidence Caroline Blais et Alisa Arsenault), c’est un certain esprit de défi à relever qui a su susciter l’intérêt des participants et des spectateurs. L’originalité des œuvres résultantes atteste bien la fougue et la pulsion créative de la jeunesse acadienne.

Soir après soir, jeunes et moins jeunes étaient au rendez-vous pour découvrir le travail de leurs pairs, rassemblés dans cette sorte d’école de cinéma improvisée. Car mis à part le programme francophone du Ciné Campus et le Cinéclub Far Out East, ayant tout deux adopté un auditorium de l’Université de Moncton pour projeter leurs films, la ville de Moncton est plutôt mal servie en terme de cinéma de répertoire, sans même parler de cinéma francophone. C’est dans un tel contexte qu’un festival comme le FICFA prend tout son sens. Par sa multiplication d’activités au courant de l’année, son programme scolaire, sa visite de plusieurs villes dans le cadre de sa tournée ou même son accueil de la tournée du Festival regard sur le court métrage, le FICFA se révèle lumineux et rassembleur, tel un phare dans le paysage maritime.

revuesequences.org

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.