7 février 2016
Un voyage inattendu dans l’antiquité, un parcours initiatique puisqu’on découvre avec étonnement qu’en fait, rien n’a vraiment changé. Le quotidien, les choses de la vie, celles de l’amour, les rituels, la croyance aux Dieux, des formes aussi, de sculptures, de joyaux, d’objets aux lignes sinueuses, maisons spacieuses et aux murs colorés. Tout cela nous indique qu’à Pompéi, l’art de vivre est une seconde nature chez les habitants.
Et puis, l’éruption du Vésuve en l’an 79 apr. J.-C. Et pourtant, les vestiges de cette civilisation sont retrouvés dans un état de conservation. Miracle pour les collectionneurs et les musées. Car Pompeii – l’exposition, c’est surtout entrer dans le jour au jour, voir en ces gens enfouis dans la cendre et que l’on devine à l’œil nu ne sont que nos contemporains car trop proches de nous dans nos us et coutumes.
Autre temps, autre mœurs, certes, mais quelques dénominateurs commun qui sont demeurés intactes, même s’ils se sont adapté au goût du jour. À l’instar de l’Alexandre le Grand de Pointe-à-Callières, Pompeii est une invitation au voyage. Avant de nous diriger dans une nouvelle salle d’exposition, nous tournons le dos pendant quelques secondes, figés sur le sol, nous assurons que nous n’avons rien manqué. Car tous les éléments présentés sont d’une valeur inestimable, gracieusement élaborés, subtilement mis en évidence. Certaines pièces provoquent l’émotion, d’autres l’étonnement ; et il y celles qui laissent en nous une étrange sensation de sensuel déjà-vu
Les panneaux thématiques – La maison idéale – Le jardin enchanté et Le rôle des femmes s’évertuent à donner une idée précise des conditions de vie dans cette espace urbain gréco-romain. Certes, l’art grec est souverain et affiche ses couleurs, même si au fond c’est Rome qui domine. Cette fusion de deux approches artistiques, la grecque poussée par le désir de la symétrie, de la beauté physique et de l’harmonie, la romaine par celle des extrêmes et du spectaculaire, rend le spectacle (oui, il s’agit bien d’un spectacle) sidérent, presque surréaliste. Le temps de poursuivre notre périple à travers l’exposition, nous oublions la réalité de l’extérieur pour nous laisser bercer par un monde qui transperce nos sens et provoque notre notion confortable du regard, mais de façon douce, sans agressivité, nous tenons presque par la main.
La fresque représentant des lutteurs évoquent en nous des séquences cinématographiques issues des meilleurs péplums ; le flacon d’huile (aryballos) nous réjouit que la finesse des formes se perd dans la nuit des temps ; la statue en bronze d’une jeune femme agrafant son péplos nous confirme que l’élégance et la beauté ont toujours fait partie de la dynamique humaine ; et une moitié de pain carbonisé nous fond le cœur, car si peu éloigné de notre quotidien.
Et c’est lorsque nous atteignons l’ultime salle, là où des moulages de plâtre de victimes trouvées dans le jardin des Fugitifs, gisent sur un emplacement qui les met à l’abri du toucher, lorsque ces corps inanimés semblent nous parler sans néanmoins prononcer un traitre mot, c’est à ce moment que nous prenons consience de l’importance de cette exposition.
Pompéi ressemble à aujourd’hui et nous rappelle nos devoirs de citoyen. Quant à l’éruption du Vésuve, n’est-elle pas également la métaphore de tous ces bouleversements climatiques et catastrophes naturelles qui bousculent notre monde ?
Une exposition essentielle pour donner un certain sens à la vie. Pour finalement réaliser qu’entre l’art et le quotidien, existe un lien privilégié qui ne peut absolument pas être défait.
Toutes les photos prises au Musée après la conférence de presse [© George Georgis]
Une organisation du Musée des beaux-arts de Montréal
et du Musée royal de l’Ontario (Ontario Royal Museum)
Renseignements sur d’autres activités reliées à l’exposition : MBA.
Jusqu’au 5 septembre 2016.
COTES
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