10 juin 2010
— Élie Castiel
Dans un communiqué daté du 9 juin 2010, les membres1 du Regroupement des distributeurs indépendants de films du Québec déplorent la politique gouvernementale en ce qui a trait au manque de salles diffusant du cinéma québécois, du documentaire, des films étrangers, et particulièrement de qualité.
Sur ce plan, le complexe AMC Forum 22 fait un travail remarquable, mais du côté anglophone, puisque tous les films étrangers qui y sont présentés le sont dans leurs versions originales, sous-titrées en anglais.
Que reste-t-il alors pour le public francophone dans une ville majoritairment de langue française? La réponse : le Cinéma Beaubien, le Cinéma du Parc (en partie) et la petite salle Parallèle du Complexe Ex-Centris. Le regroupement propose que le gouvernement se penche sérieusement sur le projet de nouvelles salles gérées par la Corporation du Cinéma Parallèle.
À notre avis, c’est la une excellente initiative qui aurait comme résultat de récupérer l’espace perdu depuis quelques années. Mais y a-t-il assez de spectateurs pour faire vivre ces nouvelles salles!
Il est temps que le milieu se penche aussi sur le phénomème complexe de la spectature. Par les temps qui courent, la présence hollywoodienne n’a jamais été aussi puissante, imposant ses lois et son caractère mercantile comme jamais auparavant. À coups de publicités, le cinéma américain s’implante de plus en plus sans crier gare.
Mais ce phénomène n’est-il pas mondial, qu’il s’agisse de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique du Nord ou d’un autre continent? La mondialisation sur le plan de la culture est devenue, par défaut, américanisation. Le véritable problème réside dans la notion que les gens, en général, se font du cinéma. La véritable question qu’il faut se poser avant de réclamer de nouvelles salles est de sérieusement analyser les rapports qui existent (ou pas) entre les spectateurs d’aujourd’hui et les images en mouvement.
Sur ce point, et théoriquement parlant, on pourrait débattre que les images cinématographiques et celles télévisuelles s’entrechoquent de plus en plus. Ce choc transforme d’autant plus le regard du spectateur qu’il ne peut faire la différence entre l’esthétique du grand et du petit écran. Même constat dans la diffusion de certains produits télévisuels sur grand écran, déformant du même coup la mission première du cinéma.
Aujourd’hui, tout se confond, tout s’entremêlent… everythings goes. À tel point qu’il n’est plus possible de trouver son chemin. La quantité d’images diffusées quotidiennent le sont à un rythme effarant, avec comme conséquence un réajustement involontaire de notre capacité d’enregistrer l’information.
Oui, sans aucun doute, de nouvelles salles sont nécessaires pour assurer la diffusion d’un cinéma autre que l’ordinaire pour un public francophone. Et même si on reconnaît que la cinéphilie a radicalement changé son registre, force est de souligner que sans un cinéma intelligent, la culture cesse de respirer.
1 Le regroupement comprend A-Z Films Inc., Axia Films Distribution, Domino Films, Evokative Films, Filmoption International, FunFilm Distribution, K-Films Amérique et les Films du 3 mars, comme on peut le constater des diffuseurs qui croient encore en l’avenir d’un cinéma de qualité.
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