11 février 2016
Comme ce fut le cas en 1995 pour Theo Angelopoulos et Le regard d’Ulysse, possible Palme d’Or raflée par un Emir Kusturica en plein délire avec Underground, c’est aussi le cas aujourd’jui pour László Nemes et Le fils de Saul, se contentant du Grand Prix du jury, laissant la récompense suprême à Dheepan, de Jacques Audiard.
Ce qui n’empêche pas en revanche que les valeurs intrinsèques reliées à un sujet d’actualité, la crise des migrants, sont ici exprimées par le biais d’une fiction qui tient debout, se permet quelques plans magnifiques et s’organise de façon à ce que l’effet émotion/discours demeure aussi crédible que possible.
Survivre, et pour cela on est prêt à tous les (im)possibles. Mentir, se laisser attendrir par la souffrance de l’autre. Et puis, un geste, un regard, et un sentiment amoureux qui transparaît, soit du visage de l’un ou de l’autre ; soit dans des gestes qui paraissent anodins, mais en disent long sur la nature humaine. Les migrants, sujet on ne peut plus d’aujourd’hui. Pas un jour ne passe sans que les bulletins d’information de partout dans le monde n’en parlent. Mais Audiard évite le documentaire pamphlétaire, préférant s’en tenir à un récit très cinématographique qui va parfois de tout côté, laissant un sentiment d’agacement.
Mais néanmoins vite oublié par une mise en scène qui s’accorde au temps, au rythme où vont les choses et surtout, prenant soin que les comédiens, des non professionnels se sentent bien dans leur peau. Dheepan, le prénom ou nom d’une personne disparue. Une identité qu’on usurpe au nom de la vie. Et les choses se passent de telle façon qu’une famille est fondée, comme ça , comme si c’était suite à un hasard qui n’a rien à voir avec la logique. C’est ce monde survolté que montre un Jacques Audiard, apparemmennt pris par son sujet, un Audiard différent, loin de ce qu’il a l’habitude de faire. Sans doute, une pause humaniste dans sa filmographie.
Et puis, c’est dans la banlieue parisienne que se retrouvent ces trois ignorés de la vie. Apprendre les rudiments de la langue, s’assimiler à un univers qui leur est totalement nouveau, dont il ne savaient même pas qu’il existait. Et puis, une revirement de situation. Et c’est en revendiquant le happy end que le cinéaste termine son film, comme si au-delà de la tourmente, des problèmes à venir et des possibles bouleversements qu’on a accumulés dans cette aventure de l’exil, le monde est sans doute un espace vital où l’on aime vivre, quels que soient les apparences, même si elles sont la plupart du temps, trompeuses.
Genre : DRAME – Origine : France – Année : 2015 – Durée : 1 h 55 – Réal. : Jacques Audiard – Int. : Jesuthasan Antonythasan, Claudine Vinsaithamby, Kalieswari Srinivasan, Vincent Rottirs, Nave Zing, Faouzi Bensaïdi – Dist. / Contact : Métropole.
Horaires : @ Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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