31 mars 2016
RÉSUMÉ SUCCINCT
Par un froid matin d’hiver canadien, Tomás laisse sa famille encore endormie pour prendre un vol vers l’Espagne. À Madrid, il retrouve son vieil ami Julián, atteint d’un cancer incurable. Espérant convaincre Julián de poursuivre ses traitements de chimiothérapie palliative, Tomás accepte néanmoins sa décision d’y renoncer.
Pourquoi tant de sollicitude envers un film d’une saisissante simplicité ? Sans doute parce que les membres-votants aux Goyas ont dû reconnaître que, derrière ce récit portant sur l’amitié et les vrais sentiments, se dessine un portrait de vie d’une touchante tristesse et d’une émouvante mélancolie. Dans le monde contemporain, ce retour aux sources humanistes est plus que jamais essentiel.
Faire vrai, toucher les sentiments, vivre avec des personnages inventés mais si proches de nous, comprendre leurs appréhensions, leurs doutes, leurs incertitudes et, en même temps, leur conviction d’être dans une symbiose organique. Entre Julián et Tomás, ce ne fut pas toujours facile; ça ne l’est d’ailleurs pour personne. Ce n’est donc pas par hasard si Julio/Julián (comédien en rupture) joue dans une adaptation des Liaisons dangereuses. La célèbre pièce de Christopher Hampton se substitue au quotidien des deux antihéros et elle sert de contrepoint se concluant par d’émouvants et réalistes adieux au théâtre.
Toutefois, Gay n’évite pas l’humour : ici, la tournure d’esprit souligne avec une certaine ironie les liens qui existent entre la vie et la mort, l’amitié solide et l’exaspération, l’acceptation de l’autre et l’égoïsme intrus, circonstanciel. La stratégie de la mise en scène consiste à situer les deux comédiens dans la grande majorité des plans, car Truman est aussi un dialogue, un champ-contrechamp qui a pour but d’établir les principales balises de l’énigme et de les laisser naviguer.
Pour ces raisons aussi complexes qu’existentiellement incontournables, Truman est l’un des films les plus rafraîchissants et inattendus de l’année parce qu’il parle de la vie et de la finitude, de l’indicible et du concret, de l’amitié et du rapport capital à l’autre. N’est-ce pas suffisant pour qu’un film atteigne notre âme ?
Texte intégral
Séquences, nº 301
(mars-avril 2016), p. 30
En kiosque
Genre : COMÉDIE DRAMATIQUE – Origine : Espagne / Argentine – Année : 2015 – Durée : 1 h 49 – Réal. : Cesc Gay – Int. : Ricardo Darín, Javier Cámara, Dolores Fonzi, Eduard Fernández, Àlex Brendenmühl – Dist. / Contact : A-Z Films.
Horaires : @ Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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