28 avril 2016
RÉSUMÉ SUCCINCT
Un bouton de nacre retrouvé au fond de l’océan Pacifique sert de point de départ à une histoire de l’humanité racontée à travers les paroles des indigènes de Patagonie et des récits des premiers navigateurs anglais.
La plus grande frontière du Chili est maritime : avec 4000 kilomètres de côtes et le plus grand archipel au monde, ce pays entretient un rapport étroit avec l’eau. Pour le documentariste Patricio Guzmán, la mer recèle toutes les voix de la Terre ainsi que celles venant de l’espace puisque l’eau reçoit la force des astres et la transmet aux êtres vivants. La mer chilienne recèle aussi dans ses profondeurs le secret d’un mystérieux bouton de nacre qui fait le lien entre deux thèmes abordés par le cinéaste : celui des peuples natifs du Chili, le peuple de l’eau, dont il ne reste aujourd’hui que 20 représentants, ainsi que les victimes de la dictature chilienne dont les corps furent jetés par centaines à la mer.
Immense documentariste, célèbre pour ses films sur les victimes du gouvernement Pinoche, Guzmán nous entraîne ici du macrocosme au microcosme. Des phénoménales réserves d’eau que contiennent certaines planètes, comètes et systèmes de notre galaxie, il effectue un bond cosmique pour plonger au sein des mers chiliennes et nous ramener un petit bouton de nacre, symbole des êtres humains tombés au Chili, tant sous le coup des colons du 18e siècle que sous les baïonnettes des soldats. Le cinéaste nous fait entendre la voix des indigènes de la Patagonie, celle des premiers navigateurs anglais et celle des prisonniers politiques.
Le film s’inscrit ainsi dans une tendance, celle de la reconnaissance des peuples autochtones, de leur histoires et de leur langues. La tragédie de leur disparition fait écho à celle, récente, des victimes de la dictature. Ici et là, même douleur, même sentiment de perte. Le film ne serait que le récit d’une tragédie si ce n’était de sa poétique. Un sentiment d’unité vis-à-vis des peuples humains, tous en bout de ligne issus de la mer, s’en dégage. Certains disent que l’eau a une mémoire. L’oeuvre de Guzmán nous fait ressentir l’harmonique de ses voix.
Genre : DOCUMENTAIRE – Origine : France / Chili / Espagne / Suisse – Année : 2015 – Durée : 1 h 27 – Réal. : Patricio Guzmán – Dist. / Contact : FunFilm.
Horaires : @ Beaubien / Cinéma du Parc
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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