Recensions

Coluche : L’arme au Coeur

1er juillet 2010

Luc Chaput

Certaines personnalités, spécialement si elles meurent dans des circonstances tragiques au milieu de leur gloire, voient leur aura grandir, c’est le cas de Marilyn Monroe, de Romy Schneider et de Coluche. Comme le démontre Romain Frétar dans ce livre, rien ne prédisposait de prime abord Michel Colluci, né à Paris dans une famille ouvrière, d’un père d’origine italienne, à devenir plus qu’un amuseur public. L’auteur est né l’année de la mort de l’objet de son livre, mais il réussit à rendre palpable l’évolution de la France, de la Libération aux années 80, dans cette époque appelée « les Trente Glorieuses » à cause du boom économique qui ne profita pas à tous, loin de là.

Romain Frétar emploie habituellement à bon escient des extraits des sketches pour évoquer les épisodes de la vie de cet acteur, musicien, monologuiste et animateur de radio. Il montre l’importance de Romain Bouteille et d’autres personnes, spécialement dans la bande du Café de la Gare, dans la construction de cette carrière dont plusieurs tirèrent profit. Véronique Kantor, son épouse divorcée, sa veuve, donne dans une courte préface son imprimatur à ce portrait d’un homme au caractère complexe dont les zones d’ombres ont pu affleurer au grand jour, par exemple dans son interprétation couronnée d’un César dans Tchao Pantin. Le cahier de photos illustre simplement l’évolution de cette vie fauchée par un bête accident. Les excès de l’homme, dus à une réussite trop rapide et trop grande, sont replacés dans un contexte qui les relativise sans les absoudre. L’importance de son implication sociale, qui culmine dans la fondation des «Restos du Coeur», est aussi bien décrite dans ce livre au style simple, quelquefois entaché de coquilles qui ne déparent pas cette biographie qui vient après plusieurs autres sur cet homme qui continue d’interpeller les pouvoirs dans ses sketches et ses actions.

Coluche : L’arme au Coeur | Romain Frétar | Paris : Alphée, 2009 | 184 pages

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