RÉSUMÉ SUCCINCT
Clément demande l’aide de son ami Abel afin que Mona lui manifeste le même amour qu’il éprouve à son égard. Mais celle-ci garde un secret.

CRITIQUE
★★★★
Texte : Élie Castiel

ERRANCES AFFECTIVES

Acteur de métier, Louis Garrel signe trois courts métrages avant de réaliser un long, Les deux amis, une première tentative agréablement réussie qui ressemble à un hommage au cinéma de son père, Philippe Garrel, dont on se souviendra du récent La jalousie.

Fidèle au thème de l’amour et ses contradictions, Garrel-fils renoue avec un cinéma où la tendresse ordinaire et les tracas affectifs s’imbriquent au quotidien pour lui octroyer une poétique de l’affect. Trois personnages en quête d’attachement, d’un nœud qui puisse les convaincre que l’amour existe, et qu’il peut être source d’émerveillement.

Pour y accéder, impossible d’éviter les nombreuses failles et le trop peu (pour ne pas dire l’absence) d’amour réalisé. Garrel projette sa proposition fort intéressante dans une sorte de terrain inconnu, dans un Paris actuel, mais tout autant intemporel. Il filme par instinct (d’où ces passants qui regardent souvent la caméra, ne sachant ce qui se passe autour d’eux), par convulsion, expliquant ainsi ces instants drôlement violents qui nous atteignent.

Les deux amis est un de ces films français qui fait fi de toute
considération politique ou sociale pour se concentrer sur
l’individu, sa corporalité et son rapport à l’autre…
et qui se traduit par une errance à travers le
parcours escarpé et sinueux des affres de l’amour.

Pour venir à bout de ce poème urbain sur les caprices de l’âme, trois grands comédiens. Louis Garrel lui-même, qui perpétue le personnage qu’il a toujours été (ou presque) dans plus d’une trentaine de films : cynique par choix, amoureux par dépit, sensuel par vocation. Mais aussi, l’iranienne Golshifteh Farahani, d’une délicatesse hallucinante. Le premier plan d’elle laisse entrevoir subtilement une nudité sculpturale tout à fait exceptionnelle. Tout le long du film, elle n’hésite pas à laisser quelques cheveux blancs traverser la caméra de Claire Mathon, d’une sensualité à fleur de peau, et qui ne cesse de la caresser. Et Vincent Macaigne, le grand gagnant, dont la tendresse immaculée transperse l’écran. Entre adulte éperdu d’amour et adolescent vivant les premiers émois incontrôlables de l’affectif, il se place parmi ces comédiens inclassables qui, somme toute, brillent par leur originalité. Ce trio en quête de l’autre se trouve, se perd et se retrouve pour proposer une finale surprenante due à l’imaginaire de Garrel et de Christophe Honoré.

Car Les deux amis est un de ces films français qui fait fi de toute considération politique ou sociale pour se concentrer sur l’individu, sa corporalité et son rapport à l’autre… et qui se traduit par une errance à travers le parcours escarpé et sinueux des affres de l’amour.

Sortie : vendredi 3 juin 2016
V.o. : français

Genre :  COMÉDIE ROMANTIQUE – Origine :  France –  Année :  2015 – Durée :  1 h 40  – Réal. : Louis Garrel – Int. : Golshifteh Farahani, Vincent Macaigne, Louis Garrel, Mahaut Adam, Christelle Deloze, Laurent Laffargue  –  Dist. / Contact : FunFilm.
Horaires :  @  Beaubien

CLASSEMENT
NC
(Non classé)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel.  ★★★★  Très Bon.  ★★★  Bon.  ★★  Moyen.  ★  Mauvais.  ½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.