30 juin 2016
RÉSUMÉ SUCCINCT
Cinq ans se sont écoulés depuis la mort de leur mère, et pourtant Rémi, Mathieu et Christian continuent de faire les 400 coups en matière de séduction.
Il y a une scène, vers la fin du premier Les 3 p’tits cochons, où est révélé au plus grand dégoût de Mathieu (Claude Legault) et Christian (Guillaume Lemay-Thivierge) que leur frère Rémi (Paul Doucet) est bisexuel. Cette révélation est utilisée comme le punch d’une longue farce platte. Si cette scène – dont nous épargnerons les détails — était sans nul doute un des nombreux faux pas du film, elle constituait aussi la seule lueur d’espoir qu’on pouvait avoir pour sa suite. Car cette caractéristique intéressante du personnage de Rémi, aucunement exploré auparavant, devra sans doute être une partie intégrale des 3 p’tits cochons. C’était donc le moindre qu’on pouvait espérer de ce nouvel épisode : la possibilité que l’humour gras des hommes québécois hétéros soit contrebalancé par un regard autre. Il fallait bien, après tout, donner la chance au coureur.
Et pourtant, ce qu’on retrouve dans Les 3 p’tits cochons 2 est un scénario qui, mis à part l’élimination des interminables scènes de coït de son épisode précédent, reprend tous les pires aspects de ce dernier : le même ton digne d’un théâtre d’été, le même humour puéril sans profondeur. Si ce n’était pas du sens de la répartie pince-sans-rire de Dominique (Sophie Prégent), il n’y aurait aucun rire au rendez-vous. Même la bisexualité de Rémi, un sujet au potentiel thématique et humoristique pourtant énorme, est traitée banalement par les scénaristes.
Le film précédent avait au moins le mérite d’oser prendre certains risques stylistiques. Les transitions de scènes bizarres, les jeux de colorisation peu subtiles, la structure bigarrée du scénario, toutes ces maladresses donnaient du caractère au film. Rien de cela ici, où toute ambition artistique est évacuée. Le tout est filmé à la manière d’une publicité de voiture au budget gonflé.
On remarque d’ailleurs immédiatement cette hausse des moyens de production par les choix des lieux de tournage : les belles rues d’Outremont, les intérieurs des édifices modernes du centre-ville de Montréal. De beaux décors qu’on assure de mettre en valeur à l’écran, sans toutefois prendre le soin de les intégrer dans les actions des personnages. Tout ici n’est que du tape-à-l’œil qui n’apporte rien de plus au récit ou à l’atmosphère créée. Voyant le budget qu’on lui alloue, on s’imagine le réalisateur lancer : « Mais… je vais faire quoi avec tout ce fric? »
En 2008, le public était au rendez-vous lors de la sortie des 3 p’tits cochons, film qui s’est avéré comme le succès commercial du cinéma québécois de cette année. Mais qu’en sera-t-il aujourd’hui? En quoi la conception populaire de la masculinité québécoise a-t-elle changé depuis ces neuf ans? Tout récemment encore les journalistes d’opinions québécois étalaient toutes sortes d’imbécilités dans les médias au sujet du coming out queer de la musicienne Coeur de pirate. En ce sens, Les 3 p’tits cochons 2 saura assurément réconforter ceux et celles qui refusent de voir le genre et l’orientation sexuelle comme pouvant être autre chose que binaire.
Genre : COMÉDIE DE MŒURS – Origine : Canada [Québec] – Année : 2016 – Durée : 1 h 43 – Réal. : Jean-François Pouliot – Int. : Paul Doucet, Guillaume Lemay-Thivierge, Patrice Robitaille, Sophie Prégent, Isabelle Richer, Maxime Lepage – Dist. / Contact : Séville.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
(Érotisme)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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