29 juillet 2016
Sans privilégier le fond et sans oublier non plus d’y mettre les formes, Parfaites illustre de la plus belle des manières la dualité d’un sport de haut niveau méconnu, en l’occurrence la nage synchronisée. Outre sa capacité à appréhender l’essentiel de son sujet avec raffinement, Jérémie Battaglia résout la difficile adéquation entre œuvre de cinéma et documentaire informatif grand public. Côté pile, la plastique des séquences sous-marines, superbement photographiées, qui rendent grâce aux chorégraphies alertes, au glamour des maquillages et des costumes, et côté face, la complexité et la rudesse des entraînements, que viennent souligner les rythmes des percussions de l’ensorcelante trame sonore de Vincent Letellier.
Entre les deux, des êtres humains fragiles, devenus après de longues années d’efforts des athlètes accomplis, essayant, sans toujours y parvenir, de mettre en arrière leurs doutes intérieurs. Une forte charge émotive se dégage alors, unissant par moments ces femmes qui doivent sans cesse affronter des pressions multiples, sans parler des risques continuels inhérents à leurs pratiques quotidiennes. Il n’y a qu’à écouter la litanie des traumatismes subis, dans une scène au demeurant très drôle malgré sa gravité, pour se convaincre de la difficulté, et même de la dangerosité d’une discipline très exigeante.
En appuyant sa narration sur les épreuves et les anxiétés vécues par l’équipe (la blessure de l’une, les problèmes de nutrition de l’autre), Battaglia laisse en permanence planer les conséquences physiques ou psychologiques causées par le stress, la performance et l’aspect mécanique et quelque peu androgyne du sport moderne, tout en relevant le regard parfois injuste des juges internationaux. Toutefois, en choisissant de ne pas utiliser comme source d’apitoiement une compétition qui n’a pas apporté les résultats espérés, le scénario se dérobe de toute tentative de dramatisation alors que tout était en place pour tomber dans le piège, évitant soigneusement de montrer la tristesse des nageuses suite à cette non-qualification, pourtant si proche. C’est tout à l’honneur du jeune réalisateur qui signe avec Parfaites un premier long métrage important, tant sur le fond que sur la forme, et dont la pleine mesure se révèle avant tout sur grand écran.
Genre : DOCUMENTAIRE – Origine : Canada [Québec] – Année : 2016 – Durée : 1 h 18 – Réal. : Jérémie Battaglia –– Dist. / Contact : Rapide-Blanc Distribution.
Horaires : @ Cinéma du Parc – Cinémathèque québécoise
CLASSIFICATION
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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