29 septembre 2016
Que ce soit pendant leur ascension ou lors des décennies subséquentes, The Beatles furent l’objet de maints rockumentaires, en tout genre, qu’ils soient: biographiques; Let it be (Michael Lindsay-Hogg, 1970), Imagine (Steve Gebhardt, 1972), The U.S. vs John Lennon (David Leaf, 2006), The Beatles Anthology (1995), George Harrison: Living in the Material World (Martin Scorsese, 2011), thématiques; (All You Need is Love, Tony Palmer, 1977), des concerts filmés; (The Beatles: The First U.S. Visit, Albert & David Maysles, 1991) ou encore des « fictions » hautement scénarisées sur mesure (calquées) pour le groupe et réalisées par Richard Lester; A Hard Day’s Night (1964), Help! (1965), The Magical Mystery Tour (1967).
De cette liste qui tient lieu d’amuse-gueule, puisque très loin d’être exhaustive, il semble pertinent de questionner si The Beatles: Eight Days a Week – The Touring Years amène réellement quelque chose de nouveau? Cinématographiquement, pas vraiment. Et en ce qui a trait au contenu, on ne réinvente pas l’histoire. Cela dit, le documentaire entretient la légende, prémisse initiale de tout bon rockumentaire. Bien qu’il présente de façon très traditionnelle l’ascension des Beatles – images d’archives, voix hors-champ, témoignages de John et George, et ceux ttournés pour le film avec Paul et Ringo. Ron Howard ancre aussi l’ascension des Beatles et leurs tournées dans les contextes sociaux importants, ce qui permet de comprendre davantage le phénomène. Qu’on pense à l’assassinat du Président Kennedy ou encore à la ségrégation raciale aux États-Unis (le concert de Jacksonville et le pertinent témoignage de l’historienne Kitty Olivier). Certaines vedettes hollywoodiennes commentent leur expérience de la Beatlemania (Woopie Goldberg, Sigourney Weaver, que l’on voit assister à un concert par le biais d’images d’archives) ce qui amène une touche plus pop et contemporaine, bien balancé avec des témoignages plus contextuels et informatifs, tels ceux de Larry Kane, journaliste ayant suivi les Beatles durant leur tournée.
Si à la fin du film on nous présente un montage mitraille d’images d’archives qui aurait pu être évité, il n’en demeure pas moins qu’elles sont bien choisies, utilisées et traitées, qu’elles soient en noir et blanc ou en couleur. L’idée a émergé de Matthew White (coproducteur du film), qui en 2004, alors vice président des archives de la société National Geographic, découvre des images des Beatles et se propose de retrouver des séquences inédites du groupe. En 2007, sa campagne OVOW, engage des recherchistes et lance The Bealtes Live! Project avec un appel à tous sur les médias sociaux afin de bâtir une banque de films sur les Beatles et récolte des archives tournées en Super 8 par les amateurs partout dans le monde.
En 2012, Apple Corps donne son aval afin que le projet débute. Il en résulte ainsi, un film qui synchronise et compile une quantité impressionnante d’archives, provenant des fans, des archives personnelles des Beatles, ou encore d’Apple.
Bien entendu, ayant comme producteur principal Apple Corps (entreprise fondée en 1968 par The Beatles), nous sommes en mesure de nous demander si on n’a pas volontairement omis certaines informations, si le montage n’est pas manipulé, si ce film n’est pas davantage dans la veine des nombreux rockumentaires promotionnels, faisant la promotion de l’artiste et étant très en vogue pour lancer (vendre) les nouvelles vedettes éphémères de la musique pop contemporaine?
En fin de compte, on nous vend toujours un produit, ou du moins, une idée. Les Beatles sont un produit de leur époque. L’emblème musical d’une génération. Et c’est clairement un fait (bien que très vendeur). Est-ce que les jeunes générations de spectateurs vont se précipiter au cinéma pour voir ce documentaire (cinématographiquement très traditionnel)? Probablement pas. Dommage, car on se rend vite compte que les phénomènes de générations que représentent les Backstreet Boys ou les Bieber de ce monde, sont bien pâles en comparaison. On ne réinvente pas la roue. Sans conteste, les baby-boomers ou les grands nostalgiques seront au rendez-vous pour revivre The Beatles: Eight Days a Week – The Touring Years. Et ils ne seront probablement pas déçus, puisque le film remplit sa fonction première: tout bon rockumentaire se doit d’entretenir la légende. D’ailleurs, le supplément présenté exclusivement en salles après le film, vaut à lui seul son pesant d’or : un concert de 30 minutes au Shea Stadium de New York en 1965, restauré digitalement et remasterisé. De ce premier grand concert d’un groupe rock dans un lieu mythique, la frénésie entourant les Beatles est tangible. La Beatlemania est audible. La légende existe.
Genre : DOCUMENTAIRE – Origine : États-Unis / Grande-Bretagne – Année : 2016 – Durée : 1 h 45 – Réal. : Ron Howard – Dist. / Contact : Entract Films.
Horaires : @ Cinéma du Parc
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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