17 novembre 2016
Le tournage souvent à 120 images secondes, le 3D et la haute définition se côtoient pour produire un film singulier qui ne perd rien de sa charge dramatique, mais au contraire la diffuse. Certaines critiques se sont acharnés sur le nouveau film d’Ang Lee prétendant qu’il était, en partie, raté. À y voir de près, le cinéaste du magnifique Brokeback Mountain signe ici une charge contre la culture d’une certaine Amérique, blottie dans une adolescence non évoluée. Commme le dit plus ou moins le personnage joué par un Vin Diesel bien dirigé « We are a nation of children who go to war in order to grow up » (Nous sommes une nation d’enfants qui vont se battre pour parvenir à devenir adultes). Ce n’est donc pas par hasard si le match de football des Cowboys de Dallas est entrecoupé par la prestation du groupe Destiny’s Child, et que dans les coulisses se trament des affaires avec Hollywood.
Tout n’est que spectacle dans une Amérique formée par les armes à double tranchant. Nation belliqueuse qui, au nom du Dieu dollar est prête à tout pour sacrifier ses enfants. Patriotisme, nationalisme et course au profit font parties de ce très beau film mal compris et qui sans doute restera parmi les « les films maudits » dans la carrière de Lee.
Ironiquement, la sœur de Billy se bat pour une démocratie anti-guerre ; la nouvelle petite amie qu’il vient à peine de rencontrer, souhaite que le soldat retourne au combat. Àprès tout, ne fait-elle pas partie des majorettes, sans doute des anti-féministes, convaincues de valeurs d’une Amérique profonde qui ne semble pas changer malgré le temps qui passe. Pour Ang Lee, les États-Unis se sont mêlés dans l’aventure irakienne pour essentiellement pour préserver leurs intérêts dans la région.
Et puis une mise en scène haletante, avec ses beaux moments de sérénité, oscillant entre le temps réel d’un retour temporaire au pays et les flasbacks d’une conflit insensé. À l’heure des Trump de ce monde, parions que les films militaires patriotiques feront fortune grâce à une Amérique profonde et majoritaire au diapason des valeurs qui ont fondé ce pays il y a des siècles, même si ces héroïsmes d’antant n’ont aucune valeur aujourd’hui. Sur ce point, ce n’est pas accidentel si Norm (superbement cruel et Steve Martin) demandera à Billy s’il connaît un certain Audie Murphy, acteur de la fin des années 40 aux années 60, véritable héro national d’un pays en proie à ces démons belliqueux.
Et les larmes aussi amères que sincères de Billy (émouvant et très brillant Joe Alwyn), filmées souvent en gros plan, déchirent le cœur puisque deux idéologies se confrontent en un seul visage, l’amour du pays et la réalisation que cette mêne nation se dirige vers sa perte.
Tout compte fait, cette adapation bouleversante du roman de Ben Fountain se classe parmi les beaux films d’Ang Lee.
Genre : DRAME – Origine : États-Unis / Grande-Bretagne – Année : 2016 – Durée : 1 h 53 – Réal. : Ang Lee – Int. : Joe Alwyn, Garrett Hedlund, Kristen Stewart, Vin Diesel, Chris Tucker, Steve Martin – Dist./Contact : Columbia.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.