Séquences – La revue de cinéma

En couverture

2016 revue et corrigée

9 décembre 2016

THÉÂTRE /
CRITIQUE
★★★★
Texte : Élie Castiel

UN CHANGEMENT QUI FAIT DU BIEN

On sent du renouveau dans cette revue annuelle, quelque chose qui se dirige vers un ailleurs à la fois sensible et démesuré ressemblant à une réconciliation avec la vie et la société, nous obligeant à rire, certes, mais d’un rire réfléchi et raisonné. La récréation est finie. Et tant mieux ! Désormais, le spectateur est complice de ce spectacle ponctuel à ne pas rater.

L’ensemble des comédiens (PHOTO : © François Laplante Delagrave)

Et comme d’habitude, rire de soi-même et des autres, les politiciens, ceux et celles qui tiennent les barres de nos télévisions et de nos vies, les vedettes et les autres. En un peu plus de 90 minutes, des comédiens se glissent dans la peau de personnages aussi colorés qu’improbables et pourtant vrais, pour les bousculer, les remettre à leur place, leur faire prendre conscience d’une année qui n’a pas été si tendre avec tout le monde.

En fait, une année plutôt délibitante (j’en ai bien la preuve !), une année de rebondissements inattendus (comme c’est toujours le cas), avec la disparition de valeurs sûres, de grosses pointures de la vie publique et du spectacle. Et pour cause, l’insert vidéo des grands disparus se termine par le visage de profil, magnifique, du grand Leonard Cohen. Applaudissements dans la salle pour un hommage aux grands de ce monde.

Et pourtant, malgré les nombreuses rigolades, les multiples références aux coups bas, on sent dans l’écriture de Durand, Leblond, Massie et Roberge un certain raz-le-bol généralisé. Dans leurs textes iconoclastes, il faut savoir lire entre les lignes et essayer de capter les messages qui s’y cachent.

Les comédiennes et les comédiens, tous impeccables
dans des rôles de personnages exigeants, mais une note
additionnelle pour Amélie Grenier, dont le retour nous
place dans un état de grâce ; et bien entendu Julie Ringuette,
comme toujours, avec le feu et la fièvre dans le sang tant
elle jubile sur scène, espace dont elle s’empare sans gêne.

Mais ne gâchons pas notre plaisir, car la soirée fut magnifique. Les sketches sur notre Marina Orsini, éclatant, d’autant plus que la principale intéressée se trouvait dans la salle, sur M. Coderre (lui aussi dans la salle), sur le nouvel héros américain Trump et sur Céline Dion valent à eux seuls le déplacement. Je ne vous dirai rien sur les autres, question de ne pas saboter les surprises. Simplement que la mise en scène, encore une fois, la quatrième, d’Alain Zouvi, est beaucoup plus sobre, évitant quelques vulgarités quand même candidement permises les années précédentes, optant pour une proposition théâtrale plus rigoureuse, en quelque sorte, presque volontairement déjantée. Et cette approche lui va comme un gant.

Les comédiennes et les comédiens, tous impeccables dans des rôles de personnages exigeants, mais une note additionnelle pour Amélie Grenier, dont le retour nous place dans un état de grâce ; et bien entendu Julie Ringuette, comme toujours, avec le feu et la fièvre dans le sang tant elle jubile sur scène, espace dont elle s’empare sans gêne.

Parfois, même dans les spectacles extravagants, comme c’est le cas de la série Revue et corrigée, une dose de simplicité, une rigueur dans les propos, savoir se conduire malgré les mots prononcés, enfin tout ce qui rend le risible confortable et rassurant… sont les bienvenus.

Les concepteurs de 2016 revue et corrigée l’ont très bien compris… une façon comme une autre de se débarrasser de cette 2016 cruelle et méchante, et j’oserai dire «au plus sacrant». Avant la tombée du rideau, comme il se doit, l’équipe nous souhaite une Bonne et Heureuse 2017. C’est aussi ce que nous vous souhaitons !

REVUE SATIRIQUE | Auteurs : Jean-Philippe Durand, Simon Leblond, Nadine Massie, Pascal Roberge – Mise en scène : Alain Zouvi – Script-édition : René Brisebois – Musique : Christian Thomas – Éclairages / Projections : Lüdz Studio (David Lavallée-Gagné) – Costumes : Suzanne Harel –– Accessoires : Alain Jenkins – Chorégraphies : Émily Bégin – Comédiens : Amélie Grenier, Martin Héroux, François Maranda, France Parent, Julie Ringuette, Marc St-Martin | Durée : 2 h approx. (incluant 1 entracte) – Représentations : Jusqu’au dimanche 8 janvier 2017 / Théâtre du Rideau-Vert.