13 mai 2017
Il est temps d’arrêter de comparer les films adaptés au théâtre pour la bonne raison que ces deux formes de la représentation partagent certains points en commun, mais d’autre part, ont leurs propres codes, exigences,rituels et certaines limites.
L’adaptation d’Emmanuel ReichenbacH a ceci de particulier qu’elle se démarque par le sens inné qu’il donne au rythme, aux répartiees et à cet instinct communicatif qui consiste à situer les personnages dans des zones d’inconfort propices à la comédie. Le texte de Philippe de Chauveron et Guy Laurent soutient des idées toujours actuelles sur la classe moyenne, toujours prisonnière de ses vieilles idées sur la différence. Comme il s’agit ici de race et de religion, tous sont pareils. Les préjugés existent partout ; soulignons que c’est aussi le cas dans les milieux artistiques et même intellectuels.
Côté absurde de la chose que Denise Filiatrault, dans une mise en scène grand public, dynamique, enjouée et virevoltante, montre sans ambiguïté ni faux-semblants. Tout est contrôlé au millimètre près, qu’il s’agisse des accessoires, des costumes et autres éléments scéniques, tout cet ensemble fait partie du monde dans lequel nous vivons et que nous reconnaissons.
Des opposés se confrontent sans cesse : racisme et acceptation, bassesse et moralité, protectionnisme et ouverture à l’autre, cynisme et bienveillance. Une peinture sociale légèrement vitriolique qui, en fin de compte, confronte l’humain à ses peurs ancestrales et finit par offrir un message ancienne-méthode selon lequel les êtres humains peuvent être solidaires les uns aux autres et pourquoi pas, heureux dans le meilleur des mondes possibles.
À l’époque conflictuelle dans laquelle on vit, ce spectacle nous paraît comme un oasis de calme et de sérénité, excellent remède pour nous sortir de la grisaille généralisée. Et puis, il y a des comédiens. Rémy Girard, comme toujours, impérial, est égal à lui-même ; Micheline Bernard, la très grande surprise de la soirée, dynamique, versatile, diplomate, un véritable festin. Et puis les autres comédien(nes), totalement adapté(es) aux situations, sans peur, mais avec un peu de reproches chez leurs personnages. Si les trois religions monothéistes le judaïsme, le christianisme et l’islam, sont présentées avec leurs ambiguïtés et contradictions, il n’en demeure pas moins qu’on s’attache à chacun d’elles, lorsqu’il s’agit de présenter l’humain dans sa mission sur terre : un monde sans frontières. Moralité de l’histoire : aimez-vous les uns les autres.
QU’EST-CE QU’ON A FAIT AU BON DIEU ?
Texte : Philippe de Chauveron, Guy Laurent, d’après le film éponyme de Philippe de Chauveron – Adaptation : Emmanuel Reichenbach – Mise en scène : Denise Filiatrault, assistée de Marie-Hélène Dufort – Éclairages : Claude Accolas – Musique : Guillaume St-Laurent – Costumes : Sylvain Genois – Comédiens : Rémy Girard, Micheline Bernard, Marie-Evelyne Baribeau, Vincent Fafard, Ariel Ifergan, Albert Kwan, Jonathan Michaud, Marilou Morin, Iannicko N’doua, Widemir Normil, Miyriam Poirier, Marie-Eve Soulard La Ferrière – Production : Théâtre du Rideau Vert, en coproduction avec Encore Spectacle et 9207-7569 Québec Inc. / Durée : 2 h 15 approx. (incluant 1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 10 juin 2017 – TRV.
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel). ★★★★ (Très Bon). ★★★ (Bon). ★★ (Moyen). ★ (Mauvais). ½ [Entre-deux-cotes]
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