Semaine du 21 au 27 juillet 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Nicolas III, roi des Belges, est en visite officielle à Istanbul, en Turquie. Mais lorsqu’il apprend que la Wallonie a déclaré son indépendance, il décide de rentrer au pays.

CRITIQUE
Texte : Charles-Henri Ramond

★★★ ½

TORTUEUSE EUROPE

Le périple improbable de Nicolas III, roi d’apparat d’un « mini-pays » en train de sombrer sous les dissensions, offre une occasion en or aux cinéastes Peter Brosens et Jessica Woodworth de nous emmener avec eux faire (un sinueux) tour d’horizon de l’Europe actuelle. Au détour de ces chemins de traverse reliant la Turquie à la Belgique, les auteurs de l’intense Altiplano (lancé à la Semaine de la critique de Cannes en 2009) nous proposent une mosaïque bigarrée de cette « union » européenne mal assortie, marquée par l’ambiguïté, d’importantes disparités économiques, mais riche aussi de la diversité de ses cultures. À cette vision politique décapante et volontairement subversive, s’ajoute une cavalcade intime propice aux rencontres et au rapprochement qui, en fin de compte, ne peut que mener à l’acceptation de l’autre et de ses différences.

À cette vision politique décapante et volontairement
subversive, s’ajoute une cavalcade intime propice aux
rencontres et au rapprochement qui, en fin de compte, ne
peut que mener à l’acceptation de l’autre et de ses différences.

Truffée de rebondissements loufoques, cette échappée belle à travers les routes des Balkans est également pour cette marionnette protocolaire bichonnée pour les besoins de la cause étatique un parcours tout tracé pour entreprendre au contact de ses proches un voyage intérieur lui permettant de retrouver progressivement foi en soi. Tandis que le film s’ingénie à délier une à une les ficelles de la fabrication d’image de nos chefs d’État, cet homme qui se croyait inutile finit par renouer enfin avec l’être humain qui est en lui. « Tous mes sens sont en éveil » dira-t-il dans un moment de bonheur absolu, à l’approche du dénouement final. Léger, mais n’oubliant pas les meurtrissures de l’histoire récente, anodin et profondément chaleureux, cet iconoclaste Roi des Belges inscrit une ligne de plus à la filmographie déjà remarquable de ces deux cinéastes maniant l’humour et l’ironie comme personne.

Sortie :  vendredi 21 juillet 2017
V.o. :  anglais, flamand, français ; s.-t.f.
Le roi des Belges

Genre :  Satire politique – Origine : Belgique / Pays-Bas / Bulgarie –  Année :  2016 – Durée :  1 h 34  – Réal. : Peter Brossens, Jessica Woodworth – Int. : Peter Van den Begin, Lucie Debay, Titus De Voogdt, Brunos Georis, Goran Rodakovic, Pieter van der Houwen –  Dist. : EyeSteelFilm.

Horaires
@  Cinéma Beaubien – Cinémathèque québécoise

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel.  ★★★★  Très Bon.  ★★★  Bon.  ★★  Moyen.  ★  Mauvais.  ½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.