28 septembre 2017
Il y a longtemps, en 1994, Le péril jeune nous révélait un nouveau cinéaste français plein de promesses, apportant de nouvelles touches au cinéma hexagonal de l’urbanité et de la nostalgie. Se souvenir du milieu des années 1970 alors que faire les quatre cents coups était encore chose courante ; comment oublier Bruno, Momo, Léon et Alain, ces jeunes devenus adultes après avoir vécu chacun de leurs âges ?
Au-delà de deux décennies plus tard, après, entre autres, Chacun cherche son chat (1996), L’auberge espagnole (2002) et récemment, en 2013, Casse-tête chinois, Cédric Klapisch se tourne vers la campagne, milieu rural qu’il semble affectionner, comme si pris par les démons des années qui passent, l’air pur autour des magnifiques vignobles bourguignons, lui faisait du bien. La mort du père, suivant celle de la mère. Trois enfants, deux hommes, une femme et un héritage. L’aîné vivant en Australie et venu à l’enterrement du paternel.
Comment composer avec le deuil, l’absence et ce qui reste ? Car Retour en Bourgogne, dont le titre original est Ce qui nous lie (plus approprié à la narration), est surtout un film sur une certaine France, d’autrefois, sur ce qu’elle est devenue, sur ce à quoi elle s’attend. Les travailleurs temporaires sont autant Français de souche que de parents venus d’ailleurs. Klapisch en est conscient et opte pour une caméra tendre qui traverse les séquences avec une douce rapidité, permettant aux protagonistes de quantifier le temps, de se nourrir d’un présent qui ne peut rompre avec le passé. Paradoxe entre l’ancien et le nouveau et ses possibles rebondissements.
Vendre ou ne pas vendre ? Sérieuse question sur la notion de filiation aujourd’hui en Occident, même en France où, traditionnellement, les habitants ont conservé certaines conventions sociales et familiales. Le regard de Klapisch n’est pas seulement empreint de nostalgie, mais la mélancolie s’empare de la plupart des êtres de celle belle histoire familiale ; les temps d’aujourd’hui ne permettent plus ce retour à la terre comme avant. Et pourtant, il y a, dans ce Retour en Bourgogne un espoir de guérison, une revendication presque politique de la part de Klapisch ; simplement en réévaluant nos priorités en fonction de l’Humain et pas totalement sur les nouvelles lois mercantiles, est-il encore possible de perpétuer une quelconque mansuétude face à l’existence.
Il suffit de peu pour être heureux, c’est sans doute la métaphore sociale et affective que Cédric Klapisch a voulu instaurer dans un film d’une grande richesse d’âme. C’est du cinéma conventionnel, certes, pour certains daté, mais qu’il fait bon de voir de temps à autre pour s’apercevoir que ces jours nouveaux ne sont pas exempts de cynisme et d’obscurité. Bien au contraire !
Et quatre comédiens exceptionnels et généreux : Pio Marmaï, Ana Girardot, François Civil et Jean-Marc Roulot (charismatique malgré sa grande discrétion).
Genre : Drame – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 1 h 54 – Réal. : Cédric Klapisch – Int. : Pio Maramaï, Ana Girardot, François Civil, Jean-Marc Poulot, Yamée Couture, María Valverde – Dist. : MK2 | Mile End.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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