19 octobre 2017
Belle surprise que Les affamés, un film entre les mains d’un cinéaste totalement libre de ses actes, déconstruisant le cinéma de genre à sa guise, assumant entièrement une intrigue qui repose sur le courant minimaliste et les codes que cela implique. Une sorte de « nouveau » cinéma québécois qui, à l’instar sans doute d’un Denis Côté, personne ici n’osera imiter.
En 2005, Saints-Martyrs-des-Damnés, son premier long, annonçait un jeune réalisateur prometteur. En 2009, À quelle heure le train pour nulle part et un an plus tard, À l’origine d’un cri, confirmaient un auteur à part entière, à l’attitude rebelle et sans-gêne, écho sans doute au regretté et immense Jean-Claude Lauzon.
Nous avions dit tout le bien que nous pensions de son aventure théâtrale avec Le chant de meu, sorte de poème intense sortant de l’ordinaire. On remarquera qu’à certains moments dans Les affamés, le dialogue emprunte justement au théâtre, sournoisement, comme pour obliger le spectateur à faire des rapprochements entre ces deux formes de la représentation. Car le cinéma d’Aubert est celui de la réflexion, du rapprochemebnt artistique, des références cinéphiliques, ultimes bastions d’une société de moins en moins axée sur le pouvoir de l’intellect, comme si devenue stérile.
La mise en scène tient d’une proposition inscrite dans la pure lignée de celles qui désorientent, multiplient les pistes pour mieux les brouiller, évitant le suspense gratuit pour simplement opter pour le cinéma. Seul ingrédient qui attire un réalisateur encore émerveillé par son métier. Et puis, une tour de Babel finale, issue des fin-fonds d’un Québec régional, menaçant, sorte de feu sacré qui invite au discours politique et dont on ne connaît pas encore l’issue. On ne vous dit pas plus. À chacun de décider ce que cette illustre figure de style signifie. Cela a sans nul doute à voir avec une langue québécoise fréquemment torturée dans le film, parfois même presque inaudible, comme l’est d’ailleurs la bande sonore, totalement intégrée à la démarche artistique de la géniale Andrée-Line Beauparlant.
Mais dans ce récit de film d’épouvante, l’espoir est toujours là. Il suffit d’échapper aux morsures des morts-vivants. Sans aucun doute, Les affamés se classe parmi les meilleurs films québécois de l’année.
Genre : Épouvante – Origine : Canada [Québec] – Année : 2017 – Durée : 1 h 43 – Réal. : Robin Aubert – Int. : Marc-André Grondin, Monia Chokri, Charlotte St-Martin, Brigitte Poupart, Micheline Lanctôt, Marie-Ginette Guay – Dist. : Les Films Séville.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence / Horreur)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.