7 décembre 2017
Gagnant d’un British Independent Film Award, du prix du public au Frameline, festival LGBT de San Francisco et du Männer Jury Award au Festival international du film de Berlin, God’s Own Country semblait tout désigné pour clôturer l’édition 2017 du festival Image+Nation LGBTQueer de Montréal. Pour son premier long-métrage, Francis Lee, natif du Yorkshire, s’intéresse à la thématique de l’homosexualité en milieu agricole. Le réalisateur, qui signe également le scénario, provient d’une famille d’agriculteurs, ce qui confère vraisemblance au récit. Le jeune fermier Johnny Saxby (Josh O’Connor), travaille sur la ferme familiale à contre-coeur, poursuivant machinalement la lignée, noyant ses frustrations dans l’alcool et le sexe sans lendemain et ce, jusqu’à l’arrivée d’un fermier roumain venu aider pour l’agnelage. Lorsque la relation amoureuse entre les deux hommes deviendra réciproque, Johnny devra s’assumer pour concilier travail et attentes familiales.
C’est d’ailleurs l’idée de camper ce coming-of-age dans le milieu rural qui confère intensité dramatique et caractère novateur au récit. Maints tabous persistent, du fait de vivre son homosexualité en milieu rural et particulièrement en milieu agricole, puisqu’encore très conservateur, en Grande-Bretagne, comme au Québec (d’ailleurs, un organisme tel Fierté Agricole témoigne des nombreux défis qui subsistent).
God’s Own Country évoque pour certains un Brokeback Mountain britannique, une comparaison quelque peu surfaite avec le film d’Ang Lee, basée sur la représentation de l’homosexualité en milieu rural confortant les tabous et les scènes de sexe. Dans God’s Own Country, contrairement à Brokeback Mountain (2005), la trame narrative n’est pas centrée sur le secret de la relation homosexuelle, devant être cachée du monde hétéronormatif. God’s Own Country est avant tout un film d’atmosphère, presque méditatif; un univers gris, brute (et torturé) émanant d’une direction photo monochrome, reflétant la frustration de Johnny.
Des scènes de sexe, d’emblée bestial, puisque Johnny n’a pas appris à gérer ses émotions (son orientation sexuelle) d’une façon autre que de par son instinct primitif (ce qu’il apprendra, plus tard dans le film). Un rythme lent (très lent, qui pourra en faire décrocher plusieurs), à l’image du processus d’acceptation de Johnny, non seulement lié à son orientation sexuelle, mais à l’amour. Johnny doit apprendre à recevoir de l’amour, l’accepter pour pouvoir en donner, devenant ainsi le thème central de God’s Own Country.
Genre : Drame – Origine : Grande-Bretagne – Année : 2017 – Durée : 1 h 44 – Réal. : Francis Lee – Dist. : TVA Films.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Érotisme)
MISE AUX POINTS
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