15 décembre 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Au début des années 60, alors que la guerre froide menace l’équilibre mondial, des expériences de toutes sortes sont menées dans des laboratoires secrets. Elisa Esposito travaille dans l’un de ces lieux dirigés par le gouvernement américain. Muette, mais entendant parfaitement, elle fait partie de l’équipe d’entretien. Une nuit, elle et sa collègue Zelda sont témoins de l’arrivée d’une créature amphibie qui promet de faire le bonheur des scientifiques désireux d’en étudier le comportement.
Les premières images du plus récent film du réalisateur mexicain Guillermo del Toro (Pan’s Labyrinth, Pacific Rim, Hellboy), nous transportent dans un univers à la fois chimérique, étrange et réconfortant. De cette séquence d’ouverture à l’animation fantaisiste, présentant une pièce plongée sous l’eau, Élisa émerge de son « rêve », traduisant à merveille l’univers du film. Élisa (Sally Hawkins), muette, travaille à l’entretien ménager dans un laboratoire où est détenue une créature peu commune : un homme amphibien (Doug Jones). Alors que tous s’affairent à l’expérience scientifique, Élisa entretient une communication privilégiée avec la créature, puis développe un sentiment amoureux. Les protagonistes, comme leur histoire d’amour peu commune, évoquent le conte type de La Belle et la Bête. L’esthétique du film, sans compter l’univers d’Élisa (la façon de présenter son personnage, ses habitudes de vie au quotidien) rappellent Le Fabuleux destin d’Amélie Poulin (2001) de Jean-Pierre Jeunet)… qui rencontrerait, Alien. À la fois noir et lumineux, The Shape of Water est une fable chimérique contemporaine sur la différence/marginalité, traduisant l’isolement et la solitude qui en découle, mais aussi la quête qu’elle motive.
Si les influences cinématographiques sont nombreuses, on retrouve la signature (et l’univers) du cinéaste de Pan’s Labyrinth 2006). La direction photo est notoire en ce sens et traduit brillamment l’époque de la Guerre froide; les couleurs ternes verdâtres/bleues priment, présentant pratiquement une direction photo monochrome. La direction artistique contribue également à traduire l’atmosphère unique du récit, avec un surprenant souci du détail; la tarte verte à la lime, la « key lime pie », est annoncée comme la « Blue Surprise » au restaurant du coin, deux gouttes d’eau valsent sur la fenêtre du bus au son de la (sublime) musique d’Alexandre Desplat… L’hommage au cinéma, à la télévision et aux comédies musicales est non seulement présent à travers l’esthétique du film, mais intégré à l’univers du récit; Élisa se retrouve chez son voisin Giles (Richard Jenkins), où des séries de l’époque Mr. Ed (Walter R. Brooks) et The Many loves of Dobie Gillis (Max Shulman), sont présentées à la télévision. Ces séries inspirent à Élisa quelques pas de claquettes; elle rêve de pouvoir chanter… Puis, cette scène où l’homme amphibien se trouve face à l’écran, subjugué, fasciné par une présentation en CinémaScope de Land of Pharaohs (1955) de Howard Hawks), suivi de Mardi Gras (1958) d’Edmund Goulding), tel qu’annoncé à l’extérieur du cinéma. Fable sur la différence, The Shape of Water rend un vibrant honneur au cinéma. Récipiendaire du Lion d’or de la Mostra de Venise, ce film fera sans aucun doute tourner les têtes en cette saison pré-Oscars.
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 03– Réal. : Guillermo del Toro – Dist. : Fox Searchlight.
Horaires/Info.
@ Cineplex – Cinéma du Parc (dès le vendredi 22 décembre)
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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