21 décembre 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1918, à quelques jours de l’armistice, sur le front franco-allemand, le jeune soldat Édouard Péricourt est défiguré par l’explosion d’un obus. À la démobilisation, traumatisé psychologiquement, il décide de ne pas rejoindre sa famille. Sous les soins de son ami Albert Maillard, il mène une existence recluse et misérable à Paris où il se livre à sa passion, le dessin.
Un seul superlatif : magistral. Car cette adaptation du Goncourt de 2013, attribué à Pierre Lemaître, se dote d’une mise en scène qui, tout en transcendant les codes de la narration, se permet une totale liberté de mouvement. C’est dans la nature d’Albert Dupontel, comme comédien et comme metteur en scène atypique.
Opéra cinématographique fourre-tout, désinvolte, portant au masque un respect irréversible, c’est-à-dire croire à la différence, aux multiples variations de la nature humaine. Il faut le dire, Au revoir là-haut n’est pas un film pessimiste. Bien au contraire, la beauté et la laideur se côtoient dans des va-et-vient aussi candides que rigoureux.
La caméra est un personnage, tant elle virevolte à une vitesse parfois démentielle qui unit l’Enfer et le Paradis, non pas comme ennemis mortels, mais comme des éléments de la Nature qui n’ont d’autre choix que de coexister. Qu’on le veuille ou pas, Albert Dupontel ressemble et agit comme un philosophe du quotidien, non pas celui à qui on s’attend, mais multiplié par une quantité industrielle d’influences extérieures.
Son cinéma est radical, se veut un trip avoué, navigue à une vitesse de croisière folle, pour soudain retrouver quelques moments de paix qui ne tardent pas à revêtir les habits de la folie humaine. Mais le comédien-metteur en scène possède un humour pince-sans rire qui loin de provoquer, établit des ponts entre l’absurdité et la raison, l’humain et sa transcendance, le geste instantané et impulsif contre celui organisé.
Et puis, ce masque humain fait de bouts de ferraille, attaché au visage de Nahuel Pérez Biscayart (120 battements par minute), ici, Édouard Péricourt, étonnant, une révélation de tous les instants, une présence hallucinante, un de ces nombreux fantômes de l’opéra, en chair et en os, un artiste du cirque des bizarreries qui cache intérieurement ses angoisses, ses incertitudes, son mal de vivre, justement, tout ce qui fait sa grandeur et sa déchéance. Humain, trop humain.
Et portant la voix de Péricourt, son être, sa pensée, une sous-fifre, Louise, évoquant le Gavroche des Misérables, et incarné par la jeune et merveilleuse Héloïse Balster, dans un premier rôle à l’écran qui devrait lui ouvrir bien des portes.
Genre : Drame – Origine : France – Année : 2017 – Durée : 2 h – Réal. : Albert Dupontel – Dist. : A-Z Films
Horaires/Info.
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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